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Auteur : François DROUET. |
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Larves dans les figues mûres
Selon le plan suivant : présence de larves dans les figues mûres, identification des larves (aspect), identification des larves (taille), tests d'émergence, cas des larves mortes dans les figues mûres, confusion à éviter.
PRÉSENCE DE LARVES DANS LES FIGUES MÛRES
Je constate régulièrement la présence de larves dans des figues mûres des variétés bifères et unifères. Les cas d’infestation par larves ne sont pas rares, sans être fréquents. Les larves de Silba adipata McAlpine présentes dans une figue mûre résultent d'une ponte qui a eu lieu lorsque la figue était au stade immature (dure et verte). Silba adipata McAlpine n'attaque pas les figues mûres (voir chapitre "Absence d'attaques des figues mûres"). En fait, c'est uniquement si la ponte a été réalisée de 1 à 6 jours avant la véraison (début d'amollissement et de changement de couleur de la figue) que des larves peuvent être présentes dans la figue devenue mûre. Pour comprendre la présence de larves de Silba adipata McAlpine dans une figue mûre, il faut prendre en compte deux paramètres : l'état de maturité de la figue, et les durées biologiques de l'espèce Silba adipata McAlpine. Selon mes observations de figues témoins, entre le début de la véraison de la figue et l'atteinte de la maturité commerciale par celle-ci (figue tout juste mûre), il s'écoule 3 à 4 jours, selon la variété. Par exemple : 3 jours pour 'Grise de la Saint-Jean' et 4 jours pour 'Bellone'. Pour une figue mûre à point, le délai écoulé depuis la véraison passe de 4 à 5 jours. Et les durées biologiques indiquées par F. SILVESTRI pour l'été sont : 3 jours pour l'incubation des œufs ; 6 à 7 jours pour le développement complet de la larve ; soit un délai de 9 à 10 jours entre la ponte et l'abandon de la figue par la larve. Référence : SILVESTRI F., 1917, Sulla Lonchaea aristella Beck. (Diptera : Lonchaeidae) dannosa alle infiorescenze e fruttescenze del caprifico e del fico, Bollettino del Laboratorio di Zoologia Agraria in Portici, vol.12, pp. 123 -146. Considérons à titre d'exemple le cas d'une figue ayant atteint la maturité commerciale (période d'été). Cas le plus favorable (ponte 1 jour avant le début de la véraison ; atteinte de la maturité de la figue en 3 jours ; développement complet de la larve en 7 jours) : les larves sont dans la figue mûre pendant 6 jours. Mais elles ne sont visibles à l'oeil nu au sein de l'infrutescence qu'à partir d'une taille de 3 mm (2 jours de vie), soit pendant 4 jours. Cas le plus défavorable (ponte 4 jours avant le début de véraison ; atteinte de la maturité de la figue en 4 jours, développement complet de la larve en 6 jours : les larves sont dans la figue mûre pendant 1 jour. Et elles sont très visibles en raison de leur grande taille (7 mm). Pour la présence de larves dans la figue mûre, le délai maximal séparant la ponte du début de la véraison est 6 jours (dans le cas suivant : développement complet de la larve en 7 jours , atteinte de la maturité en 3 jours, et larve dans la figue mûre seulement 1 jour). La présence de larves dans les figues mûres induit la problématique de l’espèce à laquelle appartiennent ces larves : Silba adipata McAlpine ou Ceratitis capitata Wiedemann (cératite, mouche méditerranéenne des fruits). Sachant que les larves présentes dans des figues fleurs mûres (variétés bifères) avant l'apparition de Ceratitis capitata Wiedemann dans mon jardin (30 juin) sont des larves de Silba adipata McAlpine. Et que les larves de Drosophila suzukii Matsumura, que je rencontre aussi dans les figues mûres, sont facilement reconnaissables (voir article).
IDENTIFICATION DES LARVES : L'ASPECT
J'ai remarqué qu'à l'œil nu la larve de Ceratitis capitata Wiedemann a une morphologie identique à celle de la larve de Silba adipata McAlpine, mais qu'elle est un peu plus grande et un peu plus épaisse que celte dernière. Il est toutefois quasiment impossible de distinguer dans une figue mûre, à l'oeil nu ou à l'examen avec une simple loupe, la larve de l'une des deux espèces par rapport à celle de l'autre espèce. Larve de Ceratitis capitata Wiedemann.
Larve de Silba adipata McAlpine. Il faut recourir au stéréomicroscope (loupe binoculaire) pour repérer les différences, à partir de la figure descriptive fournie par F. SILVESTRI en page 141 de son étude majeure consacrée à la mouche noire du Figuier. Référence : SILVESTRI F., 1917, Sulla Lonchaea aristella Beck. (Diptera : Lonchaeidae) dannosa alle infiorescenze e fruttescenze del caprifico e del fico, Bollettino del Laboratorio di Zoologia Agraria in Portici, vol.12, pp. 123 -146. Je reproduis ci-après la figure descriptive précitée. Pour les différences à rechercher sur la larve, la figure descriptive ci-desous est à comparer avec celle relative à Silba adipata McAlpine fournie par F. SILVESTRI en page 128 de son article, et que j'ai reproduite dans le chapitre "La larve : description". Figure descriptive de la larve de Ceratitis capitata Wiedemann.
IDENTIFICATION DES LARVES : LA TAILLE
La taille des larves par rapport au stade d'évolution de la figue constitue dans certains cas un indice intéressant pour déterminer l'espèce d'appartenance de celles-ci. Une figue mûre que l'on veut consommer est tout juste mûre ou mûre à point (elle n'est pas à surmaturité). A ces stades d'évolution de la figue, les larves de Ceratitis capitata Wiedemann sont minuscules. Pour une figue tout juste mûre : longueur de 1 ou 2 mm, selon les variétés ; pour une figue mûre à point : longueur de 2 ou 3 mm, selon les variétés. Ainsi, si les larves ont une longueur de 4 à 5 mm (larves de taille moyenne), ou de 6 à 7- 8 mm de long (larves très visibles à l’oeil nu), on peut déduire qu’il ne s’agit pas de larves de cette espèce et qu'il s'agit de larves de Silba adipata McAlpine. Je détecte mieux les larves de Ceratitis capitata Wiedemann (car elles sont plus grosses) si je laisse les figues sur l’arbre au-delà de la maturité habituelle de consommation (figues approchant la surmaturité, dites “penèques” en Provence), avant qu’elles ne chutent au sol. Et j’en observe plus souvent dans les figues pourries qui ont chuté au sol. Larves de Ceratitis capitata Wiedemann dans figue à surmaturité.
Larves de Ceratitis capitata Wiedemann dans figue à surmaturité. Expliquons pourquoi les larves de Ceratitis capitata Wiedemann sont minuscules dans une figue tout juste mûre ou mûre à point. Il convient de rappeler en premier lieu que Ceratitis capitata Wiedemann ne peut attaquer que des figues au tout début de la véraison, ou plus tard (pendant la véraison et à différents stades de maturité et surmaturité). Il lui est en effet impossible de pondre dans des figues immatures, comme le fait Silba adipata McAlpine. Que ce soit à travers l’épiderme (trop dur), ou dans l’ostiole (trop fermé, la cératite déposant les oeufs dans le conduit ostiolaire vertical et non sous les écailles horizontales surmontant le conduit ostiolaire). Du fait de cette limite de la ponte et compte tenu du temps d’incubation des oeufs (3 jours), une larve de Ceratitis capitata Wiedemann ne peut naître au plus tôt que 3 jours après le début de la véraison. D’autre part, la durée d’atteinte du stade de maturité après le début de la véraison dépend de la variété. Selon mes observations, si la figue récoltée est tout juste mûre, son stade d’évolution se situe 3 jours après le début de la véraison pour une figue 'Grise de la Saint-Jean', et 4 jours après celui-ci pour une figue 'Bellone'. Pour une figue mûre à point, la durée d'évolution est de 1 jour de plus. Ce stade est atteint 4 jours après le début de la véraison pour la variété bifère ‘Grise de la Saint-Jean’, et 5 jours après celui-ci pour la variété unifère ‘Bellone’. Ainsi, dans une figue ‘Grise de la Saint-Jean’ tout juste mûre (début de la véraison + 3 jours), la larve vient de naître et elle a pour taille 1 mm. Et dans une figue ‘Bellone’ tout juste mûre (début de la véraison + 4 jours), la larve est âgée de 1 jour et elle a pour taille 2 mm (1 mm : taille à la naissance + 1 mm : accroissement de taille en 1 jour). Dans une figue ‘Grise de la Saint-Jean’ mûre à point (début de la véraison + 4 jours), la larve est âgée de 1 jour et elle fait 2 mm de long (1 mm : taille à la naissance + 1 mm : accroissement de taille en 1 jour). Et dans une figue ‘Bellone’ mûre à point (début de la véraison + 5 jours), la larve est âgée de 2 jours et elle fait 3 mm de long (1 mm : taille à la naissance + 2 mm : accroissement de taille en 2 jours). Les larves de Ceratitis capitata Wiedemann peuvent être grosses dans le cas de figues nettement à surmaturité, sur l'arbre et a fortiori lorsqu'elle ont chuté au sol. Par exemple, si l'on considère une figue 'Bellone' trois jours après le stade "mûre à point", la larve précitée, qui mesurait 3 mm de long à ce stade, mesure 6 mm de long (+ 3 mm en 3 jours...). Note : pour déterminer la longueur d'une larve, je mesure celle-ci sur la face graduée d'un pied à coulisse en m'aidant d'une forte loupe et d'une pince à dissection. Mesure d'une larve de Ceratitis capitata Wiedemann issue d'une figue à surmaturité.
TESTS D'ÉMERGENCE
La méthode la plus simple pour identifier des larves contenues dans des figues consiste à procéder à des tests d'émergence.
TEST DE B. I. KATSOYANNOS B. I. KATSOYANNOS a étudié en 1981 et 1982 des populations importantes de mouches noires du Figuier dans l'île de Chios (Grèce). Référence : KATSOYANNOS B. I., 1983, Field observations on the biology and behavior of the black fig fly Silba adipata McAlpine (Diptera, Lonchaeidae), and trapping experiments, Z. ang. Entomol. 95, pp. 471-476. Il relate l'expérience suivante qui montre que les larves de Silba adipata McAlpine sont rares dans les figues mûres. Entre le 10 septembre et le 30 septembre 1981, il a ramassé 158 figues mûres (sur l'arbre ou tombées au sol) et il a dénombré les pupes obtenues à partir de celles-ci : une seule pupe de Silba adipata McAlpine, pour 660 pupes de Ceratitis capitata Wiedemann. Pendant la même période, il a ramassé aussi 30 figues immatures et il n'a obtenu que des pupes de Silba adipata McAlpine (plus de 50).
MON TEST SUR FIGUES MÛRES D'ASPECT SAIN M'inspirant de l'expérience de B. I. KATSOYANNOS, j'ai réalisé un test d'émergence dont les résultats vont dans le même sens. Entre le 15 et le 20 septembre 2016, j'ai ramassé 25 figues mûres sur mon figuier de la variété 'Col de Dame Noire' et les ai placées chacune dans une boîte en plastique fermée par un film alimentaire transparent maintenu par un élastique, après avoir vérifié qu'elles ne présentaient pas de trous de sortie de larve. J'ai suivi ensuite pendant un mois la libération de larves, les pupations et les naissances des imagos. Une seule de ces figues mûres a libéré une larve de Silba adipata McAlpine, dont j'ai pu observer ensuite l'imago. 20 d'entre elles ont donné naissance à des imagos de Ceratitis capitata Wiedemann (jusqu'à 15 par figue), et 4 n'ont donné naissance à aucune mouche (pas de libération de larves...).
MES TESTS SUR FIGUES MÛRES CONTENANT DES LARVES Le test d'émergence de B. I. KATSOYANNOS et celui que j'ai réalisé, tels que relatés supra, montrent que la libération d'un imago de Silba adipata McAlpine à partir d'une figue mûre, donc la présence de larves (ou de pupes) dans celle-ci, est d'occurrence rare. La rareté de la présence de larves (ou de pupes) de Silba adipata McAlpine dans une figue mûre est confirmée par les tests d'émergence que j’effectue dans la saison, lorsque je détecte des larves dans une figue mûre. En effet, jusqu’à présent, je n’ai vu émerger que des adultes de Ceratitis
capitata Wiedemann... Figue mûre en boîte d'émergence ayant libéré des individus de Ceratitis capitata Wiedemann.
Figue mûre en boîte d'émergence ayant libéré des individus de Ceratitis capitata Wiedemann. Le nombre de tests d’émergence sur figues mûres porteuses de larves que j'ai réalisé (une trentaine) peut paraître faible, même si ceux-ci portent sur un panel de plusieurs variétés (‘Bourjassotte Noire’, ‘Bellone’ et ‘Col de Dame Noire’ en particulier). Il faut néanmoins se rappeler que la présence de larves, indépendamment de l'espèce d'appartenance de celles-ci, dans une figue aux stades de la consommation (tout juste mûre ou mûre à point) reste rare. Il faut noter que j'observe régulièrement des pupes dans certaines figues des premières récoltes de la variété unifère 'Bourjassotte Noire'. Ce sont des pupes de Silba adipata McAlpine. Compte tenu du délai de formation d'une pupe à partir de la ponte, cette dernière a eu lieu dans une figue immature, ce qui exclut qu'il s'agisse de pupes de Ceratitis capitata Wiedemann. Voir détails au chapitre "Pupes dans les figues mûres".
CAS DES LARVES MORTES DANS LES FIGUES MÛRES
OBSERVATION DE PRÉSENCE DE LARVES MORTES J'ai trouvé pour la première fois le 16 septembre 2019 des larves mortes dans une figue mûre. Il s'agissait d'une figue ‘Bourjassotte Noire’ (tout juste mûre), achetée sur le marché. J’avais remarqué en ouvrant cette figue (je ne consomme aucune figue sans l’avoir préalablement ouverte...) des traces brunâtres d’attaques sur la surface de l'infrutescence, mais sans présence de pupes. Je constate assez souvent ce cas pour les figues mûres ‘Bourjassotte Noire’ du début de saison. Silba adipata McAlpine : dégâts de larve dans figue mûre - sans présence de pupes.
Silba adipata McAlpine : dégâts de larve dans figue mûre.
Silba adipata McAlpine : dégâts de larve dans figue mûre.
Silba adipata McAlpine : dégâts de larve dans figue mûre. J’ai constaté qu’il faut chercher les larves mortes principalement dans les débris noirâtres polluant l’infrutescence ou dans des amas brunâtres au sein de celles-ci, qu’elles sont de taille minuscule (2 mm) et qu’il faut les dégager d’une gangue de pulpe (loupe...). Silba adipata McAlpine : larves trouvées mortes dans une figue mûre. La couleur des larves mortes est noire ou brune. Silba adipata McAlpine : larve trouvée morte dans une figue mûre.
Silba adipata McAlpine : larve trouvée morte dans une figue mûre. Des larves de cette taille dans les figues mûres peuvent appartenir à l’une ou l’autre des espèces Silba adipata McAlpine et Ceratitis capitata Wiedemann. J’inclinerais pour Silba adipata McAlpine car je n’ai pas constaté la présence de trous de sortie de larve alors qu'il existe des traces d'attaques de l'espèce.
CAUSE DE LA MORT DES LARVES En traitant des figues immatures du caprifiguier, F. SILVESTRI indique que les larves de Silba adipata McAlpine peuvent mourir par suite d'un trop fort resserrement des fleurs dans la cavité centrale de la figue qui les empêche de se mouvoir. Référence : SILVESTRI F., 1917, Sulla Lonchaea aristella Beck. (Diptera : Lonchaeidae) dannosa alle infiorescenze e fruttescenze del caprifico e del fico, Bollettino del Laboratorio di Zoologia Agraria in Portici, vol.12, page 140. J'ai tiré la même conclusion de mes observations de présence de larves mortes dans des figues immatures de la variété 'Col de Dame Noire', sans cavité centrale et aux fruits resserrés (voir détails dans le chapitre dédié à ces observations). Silba adipata McAlpine n'attaquant pas les figues mûres (voir chapitre spécifique), les larves mortes trouvées dans la figue mûre que nous examinons résultent de pontes réalisées lorsque la figue était encore à l'état immature. Il s'agit d'une figue qui, comme toutes les figues attaquées par Silba adipata McAlpine, a continué à se développer après la ponte malgré la présence de larves, mais n'a pas chuté au sol et a atteint le stade de la maturité (cas peu fréquent, mais non rare). L'ampleur des dégâts visibles à la surface de l'infrutescence dénote une activité assez importante des larves avant leur décès, mais l'absence de traces de galeries dans le parenchyme blanchâtre (visibles sous l'épiderme même lorsqu'une figue attaquée est parvenue au stade de la maturité) montre qu'elles sont décédées sans pouvoir rejoindre celui-ci. J'ai d'ailleurs trouvé les larves, comme indiqué précédemment, au sein des dégâts brunâtres à la surface de l'infrutescence. Ma conclusion est que celles-ci étaient déjà mortes lorsque la figue a atteint le stade de la maturité, par impossibilité de se mouvoir entre les fleurs trop resserrées de la figue à l'état immature.
CONFUSION A ÉVITER
Il convient de ne pas confondre les traces brunâtres résultant des dégâts de larves avec la moisissure interne de la figue mûre (favorisée par un excès d'humidité), qui présente des symptômes proches pour un oeil non averti. Voir détails dans le chapitre "Confusion à éviter avec la moisissure interne".
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