Silba adipata McAlpine

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Auteur : François DROUET.
Photographies : François DROUET.

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Piégeage de masse

 

Expérimentation 3 (piège McPhail + phosphate diammonique)

 

 

 

Plan du chapitre : synthèse de l'expérimentation, dates et conditions de l'expérimentation, relevés des captures, décompte des captures, analyses relatives aux captures, décompte des figues, analyses relatives aux figues.

 

SYNTHÈSE DE L'EXPÉRIMENTATION

 

Dans le présent chapitre, je rends compte d'une expérimentation personnelle du piégeage de masse de Silba adipata McAlpine utilisant le phosphate diammonique en attractif alimentaire, menée en 2017 sur mon figuier de la variété unifère 'Col de Dame Noire'. Pour mon expérimentation, j'ai utilisé le phosphate diammonique en solution aqueuse à 4 % (40 g/l) dans un piège de type McPhail à partie basse jaune. Le phosphate diammonique est un attractif alimentaire largement utilisé pour le piégeage de masse de la mouche de l'olivier (Bactrocera oleae Rossi) et de la mouche méditerranéenne des fruits (cératite, Ceratitis capitata Wiedemann). Mais ses résultats ne sont pas complètement satisfaisants pour ces deux ravageurs. Utilisé en œnologie comme activateur de croissance des levures, on le trouve facilement dans les coopératives agricoles en paquets de 1 kg.
 

Phosphate diammonique utilisé pour le piégeage de masse de Silba adipata McAlpine

Phosphate diammonique utilisé pour le piégeage de masse de Silba adipata McAlpine.
 

Le relevé des conclusions de l'expérimentation est le suivant.

Conclusion 1 : le piège a été posé trop tard pour que je puisse évaluer son efficacité réelle. Mais j'ai pu constater un nombre de captures très faible (moyenne : 1 capture tous les 2 jours).

Conclusion 2 : le piège n'est aucunement sélectif (il a capturé 20 fois plus de mouches de l'olive et 9 fois plus de cératites que de mouches de la figue). 

Observation : après une période d'attaques intenses en début de saison pour le figuier considéré, la mouche noire du Figuier a cessé totalement ses attaques jusqu'à la fin de l'expérimentation, bien que l'arbre ait porté pendant 55 jours des figues immatures de taille supérieure à celle requise pour l'attaque (diamètre de 1,1 cm, selon mes observations).

 

J'ai pu mieux évaluer l'efficacité de ce type de piège lors d'une autre expérimentation, menée en 2019 sur les deux récoltes d'un figuier 'Grise de la saint-Jean'. Au cours de la même saison, j'ai pu également mieux cerner le comportement d'attaque au fil de la saison de Silba adipata McAlpine.

 

DATES ET CONDITIONS DE L'EXPÉRIMENTATION

 

Le 12 août 2017, j'ai posé un piège sur une touffe de la variété unifère 'Col de Dame Noire' âgée de 12 ans. Cette touffe, très aérée, ayant pour hauteur 3 m et pour largeur 2,5 m. Le piège posé était de type McPhail avec partie basse de couleur jaune, chargé avec une solution aqueuse à 40 g/l de phosphate diammonique en poudre.  Mon expérimentation a commencé assez tard en saison du fait de mon accaparement par l'expérimentation de l'obturation de l'ostiole menée sur d'autres figuiers, qui constituait mon objectif principal pour l'année 2017.

Ainsi, lorsque j'ai posé le piège, une vingtaine de figues immatures avaient déjà été attaquées (et ramassées avant leur chute...) sur la touffe de la variété 'Col de Dame Noire' depuis le début de la saison. Les figues immatures (dures et vertes) faisaient toutes entre 2,3 et 2,9 cm de diamètre. Deux figues avaient commencé à mollir et à virer vers la couleur de maturité (diamètres : 3,2 et 3,3 cm).

Le dernier relevé de piège inclus dans l'expérimentation date du 15 octobre. L'expérimentation a donc duré 2 mois (12 août au 15 octobre 2017).
 

Piège de type McPhail posé dans une touffe de figuier aérée de la variété 'Col de Dame Noire'

Piège de type McPhail posé dans une touffe de figuier aérée de la variété 'Col de Dame Noire'. 

 

RELEVÉS DES CAPTURES

 

J'ai relevé le piège environ toutes les semaines, en complétant soigneusement à chaque fois le niveau de la solution d'attractif avant de remettre le piège en place.
 

Relevé des captures dans un piège de type McPhail

Relevé des captures dans un piège de type McPhail.

 

Relevé des captures dans un piège de type McPhail

Relevé des captures dans un piège de type McPhail.
 

J'ai continué les relevés du piège au-delà de la date du ramassage des dernières figues mûres (7 octobre 2017). Lors du relevé du piège du 15 octobre 2017, j'ai encore identifié des individus de Silba adipata McAlpine, mais il n'y en avait aucun dans le piège lors des deux relevés qui suivirent (19 et 23 octobre), comme cela a été aussi le cas pour Ceratitis capitata Wiedemann. J'ai donc décidé que le relevé du 15 octobre serait le dernier inclus dans l'expérimentation.

J'ai toutefois continué à relever le piège, espérant une capture qui me permettrait d'affiner la date de présence la plus tardive de Silba adipata McAlpine dans mon jardin. Lors du relevé du 26 octobre, j'ai trouvé 2 individus de Silba adipata McAlpine dans le piège (ainsi que 3 individus de Ceratitis capitata Wiedemann) et lors de celui du 1er novembre, j'ai encore identifié un individu de Silba adipata McAlpine (aucun individu de Ceratitis capitata Wiedemann). Le piège était vide de toute mouche lors des inspections qui ont suivi entre le 1er et le 11 novembre 2017 (dernière inspection).

 

DÉCOMPTE DES CAPTURES

 

A la date du dernier relevé inclus dans l'expérimentation, le 15 octobre 2017, soit deux mois et trois jours (64 jours) après la pose du piège, le décompte des captures s'établissait comme suit :

Mouche noire du Figuier (Silba adipata McAlpine) : 32 individus, soit une moyenne d'environ 0,50 mouche par jour (1 mouche tous les deux jours...). 

Mouche méditerranéenne des fruits (cératite, Ceratitis capitata Wiedemann) : 276 individus, soit une moyenne d'environ 4,30 mouches par jour.

Mouche de l'olive (Dacus oleae Gmelin) : 660 individus, soit une moyenne d'environ 10,30 individus par jour.

Autres insectes : 161 individus, soit une moyenne d'environ 2,50 individus par jour.

 

ANALYSES RELATIVES AUX CAPTURES

 

1. Le nombre de captures d'individus de Silba adipata McAlpine est faible (moyenne de 1 capture tous les 2 jours).

2. Le nombre de mouches de l'olive capturé est élevé (660 individus, soit 20 fois plus que de mouches noires du Figuier et 2,5 fois plus que de cératites), alors que le piège a été posé sur un figuier pour combattre les mouches attaquant les figues. J'en déduis que le phosphate diammonique cible trop la mouche de l'olive et qu'il convient d'essayer un attractif sélectif pour la mouche noire du Figuier (et la cératite, dont l'action est complémentaire...).

3. Les captures de cératites sont près de 9 fois plus élevées que celles des mouches noires du figuier. Cela confirme mes observations des années 2015, 2016 et 2017 de l'activité des mouches sur les figuiers : la mouche noire est présente en période de figues mûres (elle est friande des figues à maturité, même si elle ne pond pas à l'intérieur de celles-ci) ; mais elle est beaucoup moins visible que la cératite, présente en nombre beaucoup plus important sur chaque figuier pourvu de figues mûres.  Sur les figues mûres, la mouche noire se nourrit alors que la cératite pond et se nourrit.

 

DÉCOMPTE DES FIGUES

 

Premières figues mûres ramassées le 17 août 2017 et dernières figues mûres ramassées le 7 octobre 2017.

Au 7 octobre 2017, date du ramassage des dernières figues mûres, le décompte des figues s'établissait comme suit.

Total des figues récoltées : 191.

Figues ayant atteint la maturité : 171 (89,53 %).

Figues immatures attaquées par Silba adipata McAlpine avant la pose du piège : 20 (10,47%)

Figues immatures attaquées par Silba adipata McAlpine après la pose du piège : 0.

 

ANALYSES RELATIVES AUX FIGUES

 

1. Le pourcentage de pertes sur récolte dues à Silba adipata McAlpine a été assez faible (environ 11 %). Mais je pense que ce résultat ne permet pas d'évaluer de façon rigoureuse l'efficacité du piège, compte tenu du stade d'évolution des figues au moment de la pose tardive de celui-ci, tel qu'exposé supra.

2. Aucune attaque de la mouche noire du Figuier n'a été constatée sur figues immatures après la pose du piège. Soit entre le 12 août et 3 octobre (date de présence de la dernière figue immature - déduite de la date de dernière récolte de figues mûres le 7 octobre). Période de 55 jours. Aucune des figues n'était mûre au moment de la pose du piège. Elles étaient donc toujours toutes potentiellement attaquables par Silba adipata McAlpine. Et de nouvelles figues immatures (dures et vertes), nées sur les unités de croissance des extrémités de certains rameaux, ont cohabité avec les figues mûres. Mais aucune n'a été attaquée par Silba adipata McAlpine, alors que je m'attendais à ce que des attaques se concentrent sur elles car leur nombre était peu important.  

3. Aucune attaque de la mouche noire du Figuier n'a été constatée sur figues mûres après la pose du piège. J'ai trouvé 3 figues pourries parmi les figues mûres récoltées. Les tests d'émergence que j'ai pratiqués ont montré que les 3 figues pourries étaient infestées par la cératite. Ainsi, le test de piégeage conforte ma conviction que  Silba adipata  McAlpine n'attaque pas les figues mûres (voir chapitre "Absence des attaques sur figues mûres ".  

4. Je me dois de faire une remarque concernant le nombre de figues pourries, bien qu'il s'agisse de l'action de la cératite et non de celle de la mouche noire du Figuier. Le nombre de figues pourries (3) représente moins de 2 % des figues parvenues à maturité (156). Ce pourcentage est tout à fait acceptable (il est même trois fois moindre que celui des figues mûres attaquées par les pies...). Pourtant, il ne reflète pas du tout le pourcentage des figues piquées par la cératite. Celui-ci atteint 100 % des figues, selon les indices de piqûres de cératite que j'ai relevées sur les figues mûres (latex ayant suinté par les trous de piqûres et, en séchant, s'étant solidifié en surface sous forme d'une minuscule perle translucide). Ceci malgré la capture de 276 cératites (quatre à cinq par jour)...

J'explique le faible pourcentage de figues pourries par divers facteurs. D'une part, par précaution, j'ai récolté l'essentiel des figues alors qu'elles étaient à peine mûres. Les larves n'ont donc pas eu le temps de faire pourrir la figue ou d'atteindre une taille visible, ni même dans certains cas d'émerger de l'oeuf... D'autre part, la piqûre de cératite ne s'accompagne pas obligatoirement de dépôt d'oeufs dans la figue. Très souvent, la cératite perce l'épiderme de la figue sans déposer d'oeufs et le résultat de la piqûre est uniquement un suintement de latex, qui se solidifie en séchant.

Ce type de piqûre est appelé "piqûre stérile". J'ai pu observer que la cérative consomme le latex ayant suinté en surface de la figue, mais je l'ai vue le faire peu souvent. Ainsi, contrairement à certains observateurs, je ne puis pas assurer que la cératite a pour objectif de faire suinter du latex afin de se nourrir lorsqu'elle pique la figue sans déposer d'oeufs. Pour certains auteurs, la piqûre stérile serait une piqûre de test pour déterminer si le stade d'évolution du fruit est suffisant pour le développement des larves. Et cela serait corroboré par le fait que les piqûres stériles seraient surtout réalisées par la cératite sur les fruits au stade où ils commencent juste à mollir et à virer vers la couleur de maturité.

Enfin, dans certains cas, il n'y a pas de développement de larves après une piqûre suivie d'oviposition : les cératites femelles qui n'ont pas été fécondées piquent aussi les figues mais y déposent des oeufs non fertiles (qui ne donneront donc pas naissance à des larves) ; les oeufs peuvent être expulsés en surface de la figue par la remontée de latex ; des anomalies peuvent aboutir à la non éclosion de l'oeuf...

En tout état de cause, il faut garder à l'esprit que s'il y a piqûre, même stérile, il y a porte ouverte aux bactéries et champignons qui vont entraîner le pourrissement de l'infrutescence de la figue dans la région de la piqûre. Toutefois, je ne connais pas avec précision le délai de pourrissement d'une figue ayant subi une piqûre stérile. Il me semble que, dans la majorité des cas, il est nettement supérieur au délai d'atteinte de la maturité par la figue (environ trois jours après que la figue a commencé à mollir, stade à partir duquel la cératite peut attaquer celle-ci). Ce qui permettrait de consommer la plus grande partie des figues ayant subi des piqûres stériles.

 

 

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