Silba adipata McAlpine

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Auteur : François DROUET
Photographies : François DROUET

(sauf indications)
Tous droits réservés 

 

 

Pontes atypiques

 

 

 

Je fournis dans un chapitre spécifique mes observations et celles de divers auteurs et correspondants relatives à la ponte (oviposition) de Silba adipata McAlpine.

Dans le présent chapitre, je rapporte des observations de pontes atypiques : ponte dans un trou de sortie de larve, ponte sous une écaille épidermique (observations du CIVAMBIO 66 et mes observations).

 

PONTE DANS UN TROU DE SORTIE DE LARVE

 

F. SILVESTRI a observé que sur des figues portant des trous de sortie de larve et n'étant pas rapidement tombées de l'arbre, il peut arriver qu'une femelle ponde dans un trou de sortie laissé par une larve issue d'une ponte antérieure.

Il a ainsi trouvé au mois d'août de 2 à 5 œufs à l'intérieur de quelques figues de la variété 'Troiano'.

Référence : SILVESTRI F., 1917, Sulla Lonchaea aristella Beck. (Diptera : Lonchaeidae) dannosa alle infiorescenze e fruttescenze del caprifico e del fico, Bollettino del Laboratorio di Zoologia Agraria in Portici, vol.12, pp. 123 -146. 

 

PONTE SOUS UNE ECAILLE EPIDERMIQUE (CIVAMBIO 66)

 

OBSERVATIONS DU CIVAMBIO 66

Margaux ALLIX, en charge de l'appui technique en  arboriculture bio au CIVAMBIO 66, m'a fait part début juin 2020 d'une observation de ponte sous une écaille épidermique de figue immature.

En précisant qu'elle avait réalisé cette observation dans la région du Roussillon sur deux figues de la variété bifère 'Dottato' (les photographies ci-après montrent l'un des deux cas).
 

Silba adipata McAlpine : oviposition sous une écaille épidermique éloignée de l'ostiole (figue immature)

Silba adipata McAlpine : oviposition sous une écaille épidermique éloignée de l'ostiole (figue immature)
Crédit : Margaux ALLIX (
CIVAMBIO 66)

 

Silba adipata McAlpine : oviposition sous une écaille épidermique d'une figue immature

Silba adipata McAlpine : oviposition sous une écaille épidermique d'une figue immature
Crédit : Margaux ALLIX (
CIVAMBIO 66)
 

L'examen de la figue immature (photographie ci-après) montre que l'écaille épidermique est éloignée de l'ostiole, mais qu'elle se situe dans une même légère dépression ovale bien circonscrite. On peut noter aussi que l'écaille épidermique est beaucoup plus grande qu'une écaille ostiolaire.
 

Ecaille épidermique de figue éloignée de l'ostiole, sous laquelle a eu lieu une ponte de Silba adipata McAlpine

Ecaille épidermique de figue éloignée de l'ostiole, sous laquelle a eu lieu une ponte de Silba adipata McAlpine
Crédit : Margaux ALLIX (
CIVAMBIO 66)
 

En enlevant l'écaille épidermique, Margaux ALLIX a mis au jour 8 œufs de Silba adipata McAlpine (ceux-ci proviennent vraisemblablement d'au moins deux pontes successives).
 

8 oeufs de Silba adipata McAlpine trouvés sous une écaille épidermique d'une figue immature

8 œufs de Silba adipata McAlpine trouvés sous une écaille épidermique d'une figue immature
Crédit : Margaux ALLIX (
CIVAMBIO 66)
 

Dans le cas de la seconde figue, un seul œuf se trouvait sous l'écaille épidermique.

 

VIDEO DU CIVAMBIO 66

Pour illustrer ses observations, Margaux ALLIX a fourni la vidéo ci-après, assortie de commentaires qui ont été intégrés dans l'analyse de celle-ci.

Cette vidéo permet d'appréhender le mode opératoire de Silba adipata McAlpine pour pondre sous l'écaille épidermique et d'en tirer des enseignements sur son comportement lors de ponte dans l'ostiole.

 

Silba adipata McAlpine : oviposition sous une écaille épidermique éloignée de l'ostiole (figue immature)
Crédit : Margaux ALLIX (
CIVAMBIO 66)

 

ANALYSE DE LA VIDEO

La femelle exécute des séquences de ponte de même nature que celles qu'elle réalise lors de la ponte dans un ostiole (voir détails dans le chapitre "La ponte (oviposition").

La première partie de la vidéo présente une séquence de ponte : la mouche passe au-dessus de l'écaille épidermique de la même façon qu'elle traverse l'ostiole et elle effectue des mouvements de poussée de l'ovipositeur sous l'écaille épidermique, comme elle le fait avec une écaille ostiolaire.

Dans la seconde partie de la vidéo, on observe trois autres séquences de ponte.

Séquence 1 : la mouche passe au-dessus de l'écaille épidermique sans la dépasser et prend appui sur celle-ci comme elle le fait avec le rebord de l'ostiole. Elle effectue des mouvements de poussée de l'ovipositeur (dans le vide) comme s'il existait un ostiole derrière elle, reproduisant strictement ce qu'elle fait lorsqu'elle a pris appui sur le rebord de l'ostiole. Les mouvements de poussée de l'ovipositeur dans le vide montrent que la femelle ne se sert pas de sa vue lors de la ponte (lorsqu'elle est montée sur l'écaille épidermique, elle n'a pas mémorisé la configuration de celle-ci, ni le fait qu'elle est isolée...). En fait, elle semble rechercher le dessous d'une écaille (pour elle, ostiolaire) avec la pointe de l'ovipositeur (sans libérer d'œufs car sa recherche n'a pas abouti). Puis la femelle avance pour dépasser l'écaille épidermique, comme elle le fait pour retirer son ovipositeur de l'ostiole et sortir de celui-ci.

Séquence 2 : après une courte pause entre deux séquences pour se lisser les pattes arrières sur l'ovipositeur maintenu sorti, comme elle le fait souvent lors d'une ponte dans l'ostiole, la mouche aborde la deuxième séquence. Elle  pivote sur sa gauche pour se placer face à l'écaille épidermique et passe sur le dessus de celle-ci comme elle traverse l'ostiole. Elle effectue des mouvements de poussée de l'ovipositeur pour essayer de glisser celui-ci sous l'écaille épidermique, sans y parvenir (alors qu'elle y est parvenu précédemment, dans la séquence de ponte constituant la première partie de la vidéo). On remarque que, dans ses tentatives, elle a pivoté légèrement vers la droite (sans mouvement de retrait de l'ostiole), comme elle le fait lors de la ponte dans l'ostiole (sans retrait de l'ovipositeur de l'ostiole). Puis la femelle s'écarte de l'écaille épidermique en éloignant son ovipositeur de celle-ci, comme elle le fait lorsque elle se dégage de l'ostiole en retirant son ovipositeur.

Séquence 3 : la mouche pivote sur sa gauche pour se placer face à l'écaille épidermique et passe sur le dessus de celle-ci comme elle traverse l'ostiole. Elle effectue des mouvements de poussée de l'ovipositeur pour essayer de glisser celui-ci sous l'écaille épidermique et y parvient après des tentatives infructueuses.

Conclusions et enseignements.

La femelle Silba adipata McAlpine ne sait pas faire la différence entre une écaille épidermique isolée et un ensemble d'écailles ostiolaires en recouvrement partiel.

Elle se comporte strictement selon le même mode opératoire que celui observé pour la ponte dans l'ostiole.

La visibilité de l'ovipositeur à la surface de la figue pendant la ponte sous écaille épidermique permet de tirer des enseignements expliquant le comportement de la femelle lors de la ponte dans l'ostiole.

Enseignement 1 : la femelle recherche l'endroit exact de l'oviposition avec la pointe de son ovipositeur.

Enseignement 2 : les mouvements de poussée sur l'ovipositeur procèdent de cette recherche et ne contribuent pas tous à la libération des œufs. Cela explique la différence entre le nombre important de mouvements de poussée que l'on observe lors d'une ponte dans l'ostiole et le nombre d'œufs pondus (de 1 à 4, le plus souvent 3).

Enseignement 3 : les pivotements progressifs de la femelle sur sa droite ou sur sa gauche (sans que l'ovipositeur ne soit retiré de l'ostiole) observés lors d'une séquence de ponte dans l'ostiole relèvent également de cette recherche et ont pour but de positionner l'ovipositeur.

 

PONTE SOUS UNE ECAILLE EPIDERMIQUE (MES OBSERVATIONS)

 

J'ai réalisé moi aussi une observation de ponte sous une écaille épidermique de figue immature (3 juin 2020, variété unifère 'Bellone', région de Toulon).
 

Silba adipata McAlpine : oviposition sous une écaille épidermique distincte de l'ostiole (figue immature)

Silba adipata McAlpine : oviposition sous une écaille épidermique distincte de l'ostiole (figue immature)

 

 Silba adipata McAlpine : oviposition sous une écaille épidermique distincte de l'ostiole (figue immature)

Silba adipata McAlpine : oviposition sous une écaille épidermique distincte de l'ostiole (figue immature)
(noter l'ovipositeur glissé sous l'écaille épidermique)
 

L'examen attentif de la figue immature (photographie ci-après) montre que l'écaille épidermique est éloignée de l'ostiole, mais située dans une même dépression. Celle-ci étant plus creusée au niveau de l'ostiole.

Je note aussi que taille de l'écaille épidermique est sans commune mesure avec celle d'une écaille ostiolaire, équivalant presque à la taille de l'ostiole.
 

Départ de la femelle Silba adipata McAlpine après oviposition sous une écaille épidermique distincte de l'ostiole

Départ de la femelle Silba adipata McAlpine après oviposition sous une écaille épidermique distincte de l'ostiole
(noter que l'écaille épidermique, à gauche, fait presque la taille de l'ostiole)
 

En relevant l'écaille épidermique, j'ai constaté que la femelle Silba adipata McAlpine avait pondu un seul œuf sous celle-ci.
 

Ecaille épidermique relevée d'une figue immature laissant apparaître un oeuf isolé de Silba adipata McAlpine

Ecaille épidermique relevée d'une figue immature laissant apparaître un œuf isolé de Silba adipata McAlpine
 

Concernant le devenir des larves nées sous une écaille épidermique, je n’ai pas d’interrogation sur leur capacité à rejoindre l’ostiole par la surface de la figue, ayant observé plusieurs fois des pupations en hauteur sur les côtés de boîtes d’émergence.

Leur premier problème sera d’échapper aux fourmis, dont j'ai pu mesurer par mes observations l’énergie consacrée à l’extraction des œufs situés sous les écailles ostiolaires (souvent avec succès).

Leur second problème sera de pouvoir se glisser sous les écailles ostiolaires. Je n'ai pas réalisé d'observations sur ce point, mais Margaux ALLIX m’a indiqué avoir trouvé des larves coincées entre les écailles ostiolaires.

 

Observations connexes.

Observation 1

J'ai remarqué sur la vidéo d'observation (de qualité non publiable) que la femelle est restée immobile durant toute la durée de la ponte (comportement inhabituel par rapport à celui observé lors d'une ponte dans l'ostiole).

Observation 2

Lors de la très longue séance d'observation du 3 juin 2020 autour du figuier, j'avais noté qu'au cours de la journée une autre femelle avait pondu dans l'ostiole de la figue ci-dessus et j'ai trouvé 3 œufs sous une écaille ostiolaire.

Observation 3.

Sur mes trois premières photographies ci-dessus, un oeil averti distingue une tache blanche inhabituelle au centre de l'ostiole.

C'est le signe que les écailles ostiolaires rougeâtres horizontales ont été en grande partie arrachées par les fourmis en quête des œufs de Silba adipata McAlpine déposés lors d'une ponte antérieure (ce sont les écailles ostiolaires blanchâtres situées sous les écailles rougeâtres détériorées qui apparaissent à fleur d'ostiole).

Rapporté à l'observation connexe 2, cela montre qu'une femelle de Silba adipata McAlpine ne rechigne pas à pondre dans un ostiole aux écailles supérieures détériorées.

 

 

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