Silba adipata McAlpine

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Auteur : François DROUET
Photographies : François DROUET

(sauf indications)
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Individus atypiques

 

 

 

Lors des observations (à l'oeil nu ou photographiques) sur mes figuiers, des individus à caractères atypiques ont retenu mon attention. Ils possèdent la même taille que Silba adipata McAlpine et sont très proches morphologiquement de celle-ci. Selon la nervation de l'aile, ils relèvent de la même famille que celle de Silba adipata McAlpine (Lonchaeidae), mais leur appartenance à l'espèce Silba adipata McAlpine me paraît poser question.

Je  rapporte ci-après mes observations des divers individus atypiques rencontrés. Sachant que je présente dans un autre chapitre les mouches sosies de Silba adipata McAlpine, qui appartiennent à d'autres espèces que celle-ci.

 

INDIVIDU ATYPIQUE A IDENTIFIER (CAS N° 1)

 

J'ai rencontré cet individu une seule fois (été 2016). J'ai pu l'observer assez longuement à l'oeil nu et le photographier en gros plan.

Je le dénomme individu atypique car son appartenance à l'espèce Silba adipata McAlpine pose question, comme nous le verrons ci-après, sans que je puisse affirmer, comme c'est le cas avec l'espèce sosie présentée précédemment, qu'il s'agit d'une espèce différente.

La mouche se tenait sur le revers d'une feuille de figuier en partie retournée vers le haut et présentait le dos pratiquement vers le ciel.
 

Mouche sosie à identifier, sur feuille de figuier

Mouche sosie à identifier, sur feuille de figuier
 

La morphologie générale et la couleur étaient celles de Silba adipata McAlpine (photographie ci-après).
 

Mouche sosie à identifier, sur feuille de figuier

Mouche sosie à identifier, sur feuille de figuier
 

Ainsi, dans un premier temps, j'ai cru reconnaître une mouche noire du Figuier, mais, en la fixant, j'ai été surpris par la taille de la mouche : elle était nettement plus grosse que les individus de Silba adipata McAlpine. En fait, elle faisait au moins la taille d’une grosse cératite (Ceratitis capitata Wiedemann).
 

Mouche sosie à identifier, sur feuille de figuier

Mouche sosie à identifier, sur feuille de figuier
 

J'ai remarqué aussi qu’elle restait plus longtemps immobile que ne le fait habituellement Silba adipata McAlpine et qu’elle s'est laissée approcher de très près plus facilement que celle-ci.

Enfin, son envol, quoique rapide, a été moins vif que celui de Silba adipata McAlpine.

Intrigué, j'ai décidé d'étudier de plus près cette mouche avec les photographies en gros plan que j'avais réalisées.

Sur mes photographies, la nervation de l'aile n'apparaît pas aussi distinctement que je l'aurais souhaité. Mais, d'après ce que je peux voir de celle-ci, l'individu paraît présenter les caractéristiques de la famille des Lonchaeidae, dont fait partie Silba adipata McAlpine.

Sachant que la nervation de l'aile est commune à toutes les espèces de cette famille et ne peut donc pas caractériser Silba adipata McAlpine de façon exclusive (voir détails de la nervation de l'aile dans le chapitre "Description détaillée").
 

Nervation de l'aile de la mouche sosie à identifier

Nervation de l'aile de la mouche sosie à identifier
 

Du point de vue morphologique, les photographies en gros plan révèlent des caractéristiques curieuses par rapport à celles de Silba adipata McAlpine (invisibles à l'oeil nu...).

D'une part, l'espace interoculaire (bande noire) du dessus et du devant de la tête est de la largeur courante chez Silba adipata McAlpine, mais la forme et le positionnement des yeux donnent une impression de convexité et d'allongement de la face par un curieux “effet museau” qui n'existe pas chez Silba adipata McAlpine (photographie ci-dessous)
 

Mouche sosie à identifier, sur feuille de figuier

Mouche sosie à identifier, sur feuille de figuier
(noter la forme et le positionnement des yeux, donnant un effet museau à la face)
 

D'autre part, j'observe (photographie ci-dessous) que la mouche sosie présente des différences avec Silba adipata McAlpine au niveau des soies et de la pillosité : soies plus nombreuses sur le dessus de la tête ; présence de nombreuses soies drues et assez courtes sur le dessus du préscutum et du scutum ; pilosité sur l’abdomen nettement plus longue ; soies sur le bas de la face (au-dessous des antennes), vers l’avant et sur le dessous.
 

Mouche sosie à identifier, sur feuille de figuier

Mouche sosie à identifier, sur feuille de figuier
(noter la pillosité et les soies)
 

Ma conclusion concernant cette mouche sosie est qu'il s'agit soit d'une forme atypique rare de Silba adipata McAlpine, soit d'une espèce différente appartenant à la famille des Lonchaeidae, que je ne sais pas identifier.

 

INDIVIDU ATYPIQUE A IDENTIFIER (CAS N° 2)

 

J'ai rencontré cet individu à la mi-septembre 2015 sur les feuilles de ma touffe de figuier de la variété 'Col de Dame Noire'.

J'ai pu l'observer trois jours consécutivement, à peu près à la même heure et dans la même zone de la touffe. Il séjournait toujours sur feuilles, je ne l'ai jamais vu sur fruits.
 

Mouche atypique de la famille des Lonchaeidae, sur feuille de figuier de la variété 'Col de Dame Noire'

Mouche atypique de la famille des Lonchaeidae, sur feuille de figuier de la variété 'Col de Dame Noire'
 

Il a attiré immédiatement mon attention par sa forme plus compacte que celles des individus de Silba adipata McAlpine, dont j'ai une grande habitude.
 

Mouche atypique de la famille des Lonchaeidae, sur feuille de figuier

Mouche atypique de la famille des Lonchaeidae, sur feuille de figuier
 

A l'examen attentif, la nervation de l'aile permet de classer cette mouche parmi les Lonchaeidae, mais plusieurs particulatités morphologiques et comportementales me font douter de son appartenance à l'espèce Silba adipata McAlpine.

Elle paraît de même taille de corps que cette dernière, mais les ailes semblent légèrement plus courtes. Ce qui explique le ressenti d'une forme compacte inhabituelle.

Les ailes plus courtes donnent l'impression que l'abdomen est plus long que chez Silba adipata McAlpine.
 

Mouche atypique de la famille des Lonchaeidae, sur feuille de figuier

Mouche atypique de la famille des Lonchaeidae, sur feuille de figuier
(les ailes plus courtes font paraître l'abdomen plus long que chez Silba adipata McAlpine)
 

Je suis également surpris par un autre caractère atypique présenté par l'individu : un espace inter-oculaire exceptionnellement large qui ne me paraît pas dans la norme observée chez Silba adipata McAlpine.
 

Mouche atypique de la famille des Lonchaeidae, sur feuille de figuier

Mouche atypique de la famille des Lonchaeidae, sur feuille de figuier
(noter le très large espace inter-oculaire)
 

Dernière particularité que je remarque : le plus souvent, les extrémités des ailes du sujet observé se chevauchent en débordant (à la manière de doigts croisés), alors que chez Silba adipata McAlpine le recouvrement de l'extrémité des ailes s'effectue sans débordement.
 

Mouche atypique de la famille des Lonchaeidae, sur feuille de figuier

Mouche atypique de la famille des Lonchaeidae, sur feuille de figuier
(noter que les extrémités des ailes se chevauchent en débordant)
 

L'examen photographique en plan rapproché a permis de déterminer que c'était une femelle.
 

Mouche atypique femelle de la famille des Lonchaeidae, sur feuille de figuier

Mouche atypique femelle de la famille des Lonchaeidae, sur feuille de figuier
(noter l'ovipositeur partiellement sorti entre les pattes arrières relevées)
 

Au-delà des particularités morphologiques, c'est le comportement de cette mouche qui me font douter qu'il s'agisse de Silba adipata McAlpine.

J'ai noté trois indices comportementaux : immobilité, accessibilité, envol.

Le comportement de cette mouche m'a étonné car elle restait totalement immobile de façon exceptionnellement longue. A tel point que je me suis demandé si elle n'était pas à l'agonie.

Elle s'est secouée sur place, a lissé ses ailes avec ses pattes arrières, mais elle n'a pas parcouru la feuille à la marche.

Et, après que j'aie tiré la feuille de la mi-ombre pour améliorer la luminosité photographique, la mouche est restée immobile en plein soleil sur le dessus de celle-ci. Ce qui n'est pas l'habitude de Silba adipata McAlpine, qui ne reste pas longtemps au soleil et même le plus souvent le fuit rapidement, préférant s'en protéger en se positionnant sur le revers de la feuille ou sur la partie de l'avers située à l'ombre.

En m'aidant de la nervation de la feuille de figuier, j'ai bien repéré l'endroit où la mouche se tenait immobile (début, côté doit, de la quatrième nervure secondaire du lobe gauche). Une fois qu'elle s'est envolée, j'ai photographié plusieurs fois en très gros plan cet endroit et je n'ai rien trouvé sur les photographies qui aurait pu justifier l'immobilité de la mouche, en particulier des amas de miellat de pucerons.

Un autre indice comportemental qui me fait douter de son appartenance à l'espèce Silba adipata McAlpine est le niveau de proximité (main) que la mouche m'a laissé établir sans s'envoler.

Enfin, lorsque j'ai fait s'envoler la mouche, son vol, bien que rapide, m'a paru moins vif que celui de Silba adipata McAlpine.

Concernant l'accessibilité, je peux préciser que lorsque j'approche ma main de Silba adipata McAlpine en tirant sur une feuille de figuier, je dois m'arrêter en général à 10 - 20 cm de la mouche pour éviter qu'elle ne s'envole. Pourtant, avec la mouche atypique j'ai pu approcher le pouce jusqu'à pratiquement toucher celle-ci.
 

Mouche atypique à identifier (Lonchaeidae), sur feuille de figuier par grand vent

Mouche atypique à identifier (Lonchaeidae), sur feuille de figuier par grand vent
(la possibilité d'approcher la main aussi près est très rare)

 

Mouche atypique à identifier (Lonchaeidae), sur feuille de figuier par grand vent

Mouche atypique à identifier (Lonchaeidae), sur feuille de figuier par grand vent
(la possibilité d'approcher le doigt aussi près est très rare)
 

Mais, il se peut que ce soient les circonstances d'un vent violent qui sévissait alors, faisant fortement bouger le feuillage, qui ont permis que l'approche du pouce, très progressive et extrêmement lente, se termine si près du sujet.

Malgré tous les indices étayant mes doutes sur l'appartenance de l'individu observé à l'espèce Silba adipata McAlpine, en toute rigueur, je ne puis écarter l'hypothèse qu'il s'agisse d'un individu atypique de cette espèce.

 

INDIVIDU ATYPIQUE A IDENTIFIER (CAS N° 3)

 

En 2018, j'ai trouvé dans un piège un individu femelle presque identique morphologiquement à Silba adipata McAlpine, et de même taille que celle-ci. Cet individu a retenu mon attention sur des photographies car il présentait un anneau cuivré sur l'abdomen (non visible à l'oeil nu). La nervation de l'aile montre qu'il appartient à la famille des Lonchaeidae, qui est celle de Silba adipata McAlpine.
 

Mouche femelle de la famille des Lonchaeidae, trouvée dans un piège, présentant un anneau sur l'abdomen

Mouche femelle de la famille des Lonchaeidae, trouvée dans un piège, présentant un anneau sur l'abdomen
(individu atypique de Silba adipata McAlpine, ou espèce sosie ?)
 

Il pourrait s'agir d'un individu atypique de l'espèce Silba adipata McAlpine. Toutefois, nous pourrions avoir affaire à une espèce différente.

En fait, j'ai trouvé à nouveau un individu de ce type dans un piège en 2020. Et j'ai un doute au sujet de l'appartenance des deux spécimens à l'espèce Silba adipata McAlpine, car j'ai trouvé ceux-ci dans des pièges, alors que je n’en ai jamais repéré sur un figuier (au cours de mes observations d’individus de Silba adipata McAlpine aux différents endroits du figuier, sur mes photographies et vidéos collectées ces huit dernières années).

Comme c’est le cas avec la mouche de l’olivier, par exemple, très présente dans mes pièges et jamais observée sur un figuier. C'est aussi le cas pour la principale mouche sosie de Silba adipata McAlpine (qui n’appartient pas à la famille des Lonchaeidae ; voir chapitre des mouches sosies). Ces deux espèces sont attirées dans les pièges alimentaires suspendus aux figuiers contre Silba adipata McAlpine, mais ne fréquentent pas le figuier, même pour s'y nourrir. Il pourrait en être de même pour l'espèce d'appartenance des deux individus à l'abdomen présentant un anneau cuivré.

 

 

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