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Auteur : François DROUET. |
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Larves dans les figues mûres : identification de l'espèce
La présence de larves dans les figues mûres induit la problématique de l’espèce à laquelle appartiennent ces larves : Silba adipata McAlpine ou Ceratitis capitata Wiedemann (cératite, mouche méditerranéenne des fruits). Sachant que les larves présentes dans des figues fleurs mûres (variétés bifères) avant l'apparition de Ceratitis capitata Wiedemann dans mon jardin (30 juin) sont des larves de Silba adipata McAlpine. Et que les larves de Drosophila suzukii Matsumura, que je rencontre aussi dans les figues mûres, sont facilement reconnaissables (voir article). Plan du chapitre : identification des larves, tests d'émergence.
IDENTIFICATION DES LARVES
DIFFÉRENCES MORPHOLOGIQUES J'ai remarqué qu'à l'œil nu la larve de Ceratitis capitata Wiedemann a une morphologie identique à celle de la larve de Silba adipata McAlpine, mais qu'elle est un peu plus grande et un peu plus épaisse que celte dernière. Il est toutefois quasiment impossible de distinguer dans une figue mûre, à l'oeil nu ou à l'examen avec une loupe, la larve de l'une
des deux espèces par rapport à celle de l'autre espèce. Larve de Ceratitis capitata Wiedemann.
Larve de Silba adipata McAlpine. F. SILVESTRI fournit des figures descriptives de la larve de Ceratitis capitata Wiedemann en page 141 de son étude majeure consacrée à la mouche noire du Figuier. Référence : SILVESTRI F., 1917, Sulla Lonchaea aristella Beck. (Diptera : Lonchaeidae) dannosa alle infiorescenze e fruttescenze del caprifico e del fico, Bollettino del Laboratorio di Zoologia Agraria in Portici, vol.12, pp. 123 -146. Je reproduis ces figures ci-après. Elles sont à comparer avec celles relatives à Silba adipata McAlpine fournies par F. SILVESTRI en page 128 de son étude, et intégrées dans les chapitres relatifs à la larve : "description 1" et "description 2". Figures descriptives de la larve de Ceratitis capitata Wiedemann.
CRITÈRE D'IDENTIFICATION RETENU En recherchant les différences sur les figures de F. SILVESTRI relatives à l'une et à l'autre des espèces, j'ai déterminé que c'est le stigmate postérieur qui est le critère le plus facile à utiliser lors de l'examen au stéréomicroscope. D'après les représentations de F. SILVESTRI, celui de Ceratitis capitata Wiedemann est réniforme, et présente uniquement les 3 fentes de passage de l'air, qui sont parallèles les unes par rapport aux autres. Alors que celui de Silba adipata McAlpine est circulaire, et présente une tache sombre en sus des 3 fentes de passage de l'air, dont l'une est perpendiculaire par rapport aux deux autres qui sont dans le prolongement l'une de l'autre. Mes examens au stéréomicroscope ayant confirmé les dessins fournis par F. SILVESTRI pour le stigmate postérieur des deux espèces, j'utilise régulièrement l'aspect de celui-ci pour identifier l'espèce d'appartenance d'une larve trouvée dans une figue mûre, en cas de doute. Ce procédé est sûr et de résultat immédiat, mais il n'est applicable qu'aux larves que l'on a pu détecter. Le test d'émergence, traité au sous-chapitre qui suit, ne fournit des résultats (libération d'imagos) que dix à quinze jours plus tard, mais il permet de prendre en compte les larves minuscules enfouies dans l'infrutescence qui ont pu échapper à l'examen visuel.
Stigmate postérieur de la larve : Ceratitis capitata Wiedemann (deux stigmates, à gauche), et Silba adipata McAlpine (un seul stigmate représenté, à droite).
INDICATIONS FOURNIES PAR LA TAILLE DE LA LARVE La taille des larves par rapport au stade d'évolution de la figue constitue dans certains cas un indice intéressant pour déterminer l'espèce d'appartenance de celles-ci. Une figue mûre que l'on veut consommer est tout juste mûre ou mûre à point (elle n'est pas à surmaturité). A ces stades d'évolution de la figue, les larves de Ceratitis capitata Wiedemann sont minuscules. Pour une figue tout juste mûre : longueur de 1 ou 2 mm, selon les variétés ; pour une figue mûre à point : longueur de 2 ou 3 mm, selon les variétés. Ainsi, si les larves ont une longueur de 4 à 5 mm (larves de taille moyenne), ou de 6 à 7- 8 mm de long (larves très visibles à l’oeil nu), on peut déduire qu’il ne s’agit pas de larves de cette espèce et qu'il s'agit de larves de Silba adipata McAlpine. Expliquons pourquoi les larves de Ceratitis capitata Wiedemann sont minuscules dans une figue tout juste mûre ou mûre à point. Il convient de rappeler en premier lieu que Ceratitis capitata Wiedemann ne peut attaquer que des figues au tout début de la véraison, ou plus tard (pendant la véraison et à différents stades de maturité et surmaturité). Il lui est en effet impossible de pondre dans des figues immatures, comme le fait Silba adipata McAlpine. Que ce soit à travers l’épiderme (trop dur), ou dans l’ostiole (trop fermé, la cératite déposant les oeufs dans le conduit ostiolaire vertical et non sous les écailles horizontales surmontant le conduit ostiolaire). Du fait de cette limite de la ponte et compte tenu du temps d’incubation des oeufs (3 jours), une larve de Ceratitis capitata Wiedemann ne peut naître au plus tôt que 3 jours après le début de la véraison. D’autre part, la durée d’atteinte du stade de maturité après le début de la véraison dépend de la variété. Selon mes observations, si la figue récoltée est tout juste mûre, son stade d’évolution se situe 3 jours après le début de la véraison pour une figue 'Grise de la Saint-Jean', et 4 jours après celui-ci pour une figue 'Bellone'. Pour une figue mûre à point, la durée d'évolution est de 1 jour de plus. Ce stade est atteint 4 jours après le début de la véraison pour la variété bifère ‘Grise de la Saint-Jean’, et 5 jours après celui-ci pour la variété unifère ‘Bellone’. Ainsi, dans une figue ‘Grise de la Saint-Jean’ tout juste mûre (début de la véraison + 3 jours), la larve vient de naître et elle a pour taille 1 mm. Et dans une figue ‘Bellone’ tout juste mûre (début de la véraison + 4 jours), la larve est âgée de 1 jour et elle a pour taille 2 mm (1 mm : taille à la naissance + 1 mm : accroissement de taille en 1 jour). Dans une figue ‘Grise de la Saint-Jean’ mûre à point (début de la véraison + 4 jours), la larve est âgée de 1 jour et elle fait 2 mm de long (1 mm : taille à la naissance + 1 mm : accroissement de taille en 1 jour). Et dans une figue ‘Bellone’ mûre à point (début de la véraison + 5 jours), la larve est âgée de 2 jours et elle fait 3 mm de long (1 mm : taille à la naissance + 2 mm : accroissement de taille en 2 jours). Cas des larves plus grosses. Je détecte mieux les larves de Ceratitis capitata Wiedemann (car elles sont plus grosses) si je laisse les figues sur l’arbre au-delà de la maturité habituelle de consommation (figues approchant la surmaturité, dites “penèques” en Provence). Et j’en observe plus souvent dans les figues pourries qui ont chuté au sol. Larves de Ceratitis capitata Wiedemann dans figue à surmaturité. Par exemple, si l'on considère une figue 'Bellone' trois jours après le stade "mûre à point", la larve précitée, qui mesurait 3 mm de long à ce stade, mesure 6 mm de long (+ 3 mm en 3 jours...). Note : pour déterminer la longueur d'une larve, je mesure celle-ci sur la face graduée d'un pied à coulisse en m'aidant d'une forte loupe et d'une pince à dissection. Mesure d'une larve de Ceratitis capitata Wiedemann issue d'une figue à surmaturité.
TESTS D'ÉMERGENCE
La méthode la plus simple pour identifier des larves contenues dans des figues consiste à procéder à des tests d'émergence.
TEST DE B. I. KATSOYANNOS B. I. KATSOYANNOS a étudié en 1981 et 1982 des populations importantes de mouches noires du Figuier dans l'île de Chios (Grèce). Référence : KATSOYANNOS B. I., 1983, Field observations on the biology and behavior of the black fig fly Silba adipata McAlpine (Diptera, Lonchaeidae), and trapping experiments, Z. ang. Entomol. 95, pp. 471-476. Il relate l'expérience suivante qui montre que les larves de Silba adipata McAlpine sont rares dans les figues mûres. Entre le 10 septembre et le 30 septembre 1981, il a ramassé 158 figues mûres (sur l'arbre ou tombées au sol) et il a dénombré les pupes obtenues à partir de celles-ci : une seule pupe de Silba adipata McAlpine, pour 660 pupes de Ceratitis capitata Wiedemann. Pendant la même période, il a ramassé aussi 30 figues immatures et il n'a obtenu que des pupes de Silba adipata McAlpine (plus de 50).
MON TEST SUR FIGUES MÛRES D'ASPECT SAIN M'inspirant de l'expérience de B. I. KATSOYANNOS, j'ai réalisé un test d'émergence dont les résultats vont dans le même sens. Entre le 15 et le 20 septembre 2016, j'ai ramassé 25 figues mûres sur mon figuier de la variété 'Col de Dame Noire' et les ai placées chacune dans une boîte en plastique fermée par un film alimentaire transparent maintenu par un élastique, après avoir vérifié qu'elles ne présentaient pas de trous de sortie de larve. J'ai suivi ensuite pendant un mois la libération de larves, les pupations, et les naissances des imagos. Une seule de ces figues mûres a libéré une larve de Silba adipata McAlpine, dont j'ai pu observer ensuite l'imago. 20 d'entre elles ont donné naissance à des imagos de Ceratitis capitata Wiedemann (jusqu'à 15 par figue), et 4 n'ont donné naissance à aucune mouche (pas de libération de larves...).
MES TESTS SUR FIGUES MÛRES CONTENANT DES LARVES Le test d'émergence de B. I. KATSOYANNOS et celui que j'ai réalisé, tels que relatés supra, montrent que la libération d'un imago de Silba adipata McAlpine à partir d'une figue mûre, donc la présence de larves de l'espèce dans celle-ci, est d'occurrence rare. Ils ont été réalisés par récolte des figues mûres à l'aveugle, sans détection préalable de larves (identifiées ou non) dans celles-ci. J'ai abouti au même constat par les tests d'émergence que j’effectue au cours de la saison, lorsque je détecte des larves dans une figue mûre. En effet, jusqu’à présent, je n’ai vu émerger que des adultes de Ceratitis
capitata Wiedemann. Le nombre de tests d’émergence sur figues mûres porteuses de larves que j'ai réalisés (une trentaine) peut paraître faible, même si ceux-ci portent sur un panel de plusieurs variétés (‘Bourjassotte Noire’, ‘Bellone’, ‘Col de Dame Noire’, en particulier). Mais il n'est pas étonnant, compte tenu que je ne pratique ces tests que sur détection de larves (et non à l'aveugle), et que les larves de Ceratitis capitata Wiedemann sont rarement visibles dans
les figues mûres (elles se détectent surtout dans des figues en surmaturité, lorsqu'elles ont atteint une certaine taille). Figue mûre en boîte d'émergence ayant libéré des individus de Ceratitis capitata Wiedemann.
Figue mûre en boîte d'émergence ayant libéré des individus de Ceratitis capitata Wiedemann. Il faut noter que j'observe régulièrement des pupes dans certaines figues des premières récoltes de la variété unifère 'Bourjassotte Noire'. Ce sont des pupes de Silba adipata McAlpine. Compte tenu du délai de formation d'une pupe à partir de la ponte, la pupe a commencé à se former dans une figue immature, ce qui exclut qu'il s'agisse de pupes de Ceratitis capitata Wiedemann. Voir détails au chapitre "Pupes dans les figues mûres".
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