Silba adipata McAlpine

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Auteur : François DROUET
Photographies : François DROUET

(sauf indications)
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L'obturation de l'ostiole

 

Recensement des autres expérimentations

 

 

 

J'ai conduit en 2017 deux expérimentations successives d'obturation de l'ostiole des figues immatures, pour tenter d'empêcher Silba adipata McAlpine d'y déposer ses œufs (voir expérimentations 1 et 2).

Lors des recherches documentaires préparatoires à mes expérimentations, j'ai trouvé que des agronomes israéliens et brésiliens avaient eu eux aussi l'idée d'obturer l'ostiole des figues, mais il ne s'agissait pas de la lutte contre Silba adipata McAlpine.

Je rends compte ci-après de ces expérimentations antérieures aux miennes et j'expose ensuite les observations dans la région de Naples de deux auteurs italiens relatives aux conséquences sur les attaques de Silba adipata McAlpine de l'onction de l'ostiole avec de l'huile.

 

L'EXPERIMENTATION ISRAELIENNE

 

Je n'en ai eu connaissance qu'en juillet 2016, lorsque Bernard PEYRE, ancien producteur de figues et passionné de figuier, m'a fait parvenir la photographie d'un poster relatif à la lutte contre les attaques des thrips sur figues, élaboré par le centre de recherches agronomiques Volcani de Bet Dagan, en Israël.
 

Poster d'information sur les dégâts des attaques des thrips sur figues

Poster d'information sur les dégâts des attaques des thrips sur figues
(crédit : Volcani Center, Bet Dagan, Israël)
 

Ce poster, qui date de 2008, indique brièvement qu'une expérimentation d'obturation de l'ostiole va être lancée dans le cadre de la lutte contre les thrips s'insinuant dans les figues par l'ostiole.

Elle prévoit la pose de bandes adhésives et de pastilles autocollantes, avec application de répulsifs contre les thrips et de champignons entomopathogènes.
 

Expérimentation de l'obturation de l'ostiole des figues

Expérimentation de l'obturation de l'ostiole des figues contre les thrips
A gauche, bande adhésive ; à droite, pastille autocollante
(crédit : Volcani Center, Bet Dagan, Israël)
 

J'ai essayé sans succès de trouver sur l'Internet anglais une documentation plus détaillée sur cette expérimentation, notamment sur ses résultats...

 

L'EXPERIMENTATION BRESILIENNE

 

Après avoir eu connaissance de l'expérience israélienne, j'ai voulu savoir si d'autres expérimentations de l'obturation de l'ostiole avaient été menées et j'ai recherché sur l'Internet français, anglais, italien, espagnol et portugais.

J'ai trouvé un rapport publié en 2003 par trois chercheurs brésiliens de l'Institut de Biologie de Campinas-São Paulo.

Référence : A. RAGA, M. F. SOUZA FILHO, M. E. SATO, 2003, Eficiência de protetores de ostíolo do figo sobre a infestação da mosca Zaprionus indianus (Gupta) (Diptera: Drosophilidae) no campo. Arq. Inst. Biol., São Paulo, v.70, n.3, pp. 287-289.

Les expérimentations d'obturation de l'ostiole ont été menées dans le cadre de la lutte contre la mouche africaine de la figue (Zaprionus indianus Gupta), très active dans les vergers de figuiers au Brésil, qui présente la particularité de ne pondre que dans l'ostiole comme Silba adipata McAlpine.
 

Figue attaquée par Zaprionus indianus Gupta

Figue attaquée par Zaprionus indianus Gupta
(crédit : A. Raga)
 

Quatre procédés ont été testés par les chercheurs brésiliens sur des figues de la variété 'Roxo de Valinhos' : pose sur l'ostiole d'étiquettes autocollantes, remplissage de l'ostiole par du gel contenant de la citronnelle, pulvérisation de bouillie bordelaise sur les figues, pulvérisation de fertilisant foliaire sur les figues.

 

PROCÉDÉ 1

Des étiquettes autocollantes rondes en papier Kraft de 14 mm de diamètre (utilisées pour l'indication du producteur sur les fruits) ont été posées sur l'ostiole des figues.
 

Obturation de l'ostiole des figues contre Zaprionus indianus Gupta

Obturation de l'ostiole des figues contre Zaprionus indianus Gupta
(crédit : A. Raga)
 

En réalisant trois évaluations espacées d'une semaine, les expérimentateurs ont constaté une réduction de 74% à 92 % des infestations par rapport aux lots de figues témoins (non traitées).

Ils ont toutefois observé un décollement des étiquettes. Celles-ci sont tombées pour 25 % des figues traitées (dans un délai de 8 jours après la pose).

Les résultats de ce premier procédé m'ont encouragé à réaliser mon expérimentation d'obturation de l'ostiole par pose d'étiquettes autocollantes.

 

PROCÉDÉ 2

L'ostiole a été rempli par un gel de carboxyméthilcellulose contenant de la citronnelle, à l'aide d'une seringue plastique de 10 ml (quantité suffisante pour obturer complètement l'ostiole).

En réalisant trois évaluations espacées d'une semaine, les expérimentateurs ont constaté une réduction de 35 % à 83 % des infestations par rapport aux lots de figues témoins (non traitées).

Le résultat est moins bon que celui obtenu avec les étiquettes autocollantes, mais les expérimentateurs n'écartent pas ce moyen de lutte.

 

PROCÉDÉ 3

Les figues ont été recouvertes de bouillie bordelaise par pulvérisation (traitements répétés), pour créer une barrière physico-chimique empêchant l'oviposition dans l'ostiole.

En réalisant trois évaluations espacées d'une semaine, les expérimentateurs ont constaté une réduction de 54 % à 82 % des infestations par rapport aux lots de figues témoins (non traitées).

Ils jugent ce résultat satisfaisant, bien qu'il soit moins bon que celui obtenu en posant des étiquettes autocollantes sur l'ostiole.

 

PROCÉDÉ 4

Les figues ont été recouvertes d'un fertilisant foliaire (Bordasul®) par pulvérisation d'une solution aqueuse à 5 % (traitements répétés), pour créer une barrière physico-chimique empêchant l'oviposition dans l'ostiole. Ce produit est à base de cuivre (25 %) et de calcium (10 %).  

En réalisant trois évaluations espacées d'une semaine, les expérimentateurs ont constaté une réduction de 0 % à 70 % des infestations par rapport aux lots de figues témoins (non traitées).

Ce constat de forte variabilité de l'efficience a amené les expérimentateurs à juger ce moyen de lutte insatisfaisant et ils ne préconisent pas son utilisation.

 

DEPÔT D'HUILE SUR L'OSTIOLE (REGION DE NAPLES)

 

Il ne s'agit pas d'expérimentations, mais d'observations rapportées la même année (1917) par deux auteurs italiens, l'entomologiste F. SILVESTRI et l'agronome L. SAVASTANO.

Leurs observations concernent la pratique culturale des producteurs de figues de la région de Naples, qui oignaient d'huile l'ostiole des figues afin d'en hâter le mûrissement.

 

OBSERVATIONS DE F.SILVESTRI

"Une lutte indirecte involontaire est pratiquée dans la province de Naples par le biais de l'onction d'huile sur l'ostiole des figues au mois d'août (quand elles sont très proches du virement vers la maturité), dans le but de hâter de quelques jours leur maturation. Les figues avec les ostioles oints d'huile ne sont pas attaquées par la mouche noire du Figuier. Une telle opération, qui n'est pas particulièrement recommandée par les producteurs parce qu'elle conduit à l'obtention de fruits de qualité plutôt médiocre et facilement altérables, ne peut toutefois être conseillée pour les figues immatures encore petites (première quinzaine de juillet) car elle provoquerait aussitôt leur chute."

Référence : SILVESTRI F., 1917, Sulla Lonchaea aristella Beck. (Diptera : Lonchaeidae) dannosa alle infiorescenze e fruttescenze del caprifico e del fico, Bollettino del Laboratorio di Zoologia Agraria in Portici, vol.12, pp. 123 -146.

 

OBSERVATIONS DE L. SAVASTANO

"La pratique de l'onction d'huile sur l'ostiole, outre l'accélération connue de la maturation, provoque une conséquence morphologique sur le fruit. L'ostiole ne s'agrandit pas au cours de la maturation, mais, au contraire, il se resserre et les écailles ne s'écartent pas. L'huile pénètre dans les interstices entre les écailles et empêche la mouche noire d'y placer l'œuf. Dans un test réalisé en 1915, contrarié par les écarts continuels de basses températures de septembre qui n'ont pas été favorables à la mouche noire, on a pu constater sur le principe la validité du procédé, mais sans pouvoir en quantifier l'effet."

Référence : SAVASTANO L., 1917, Contributo allo studio sui rapporti biopatologici della mosca nera del fico (Lonchaea aristella Beck.) ed il suo ospitante nelle Penisola Sorrentina, Estr. Annali R. Stazione sperimentale di agrumicoltura e frutticoltura, Acireale, vol. IV, pp. 113-146.

 

COMMENTAIRES

L'onction d'huile sur l'ostiole ne présente, selon moi, qu'un intérêt très limité, pour trois raisons.

La plus grande partie (pour certaines variétés, la quasi-totalité) des attaques de Silba adipata McAlpine se concentrent sur une courte période (une vingtaine de jours, au maximum) située tôt dans la saison, lorsque les figues immatures sont pour la plupart très petites. Et, selon F. SILVESTRI, le procédé ne peut pas être appliqué aux figues immatures de petit diamètre.

D'autre part, parmi les figues immatures non attaquées au cours de cette période de forte intensité, ou apparues plus tard, celles de grand diamètre, proches du stade de la véraison, sont très faiblement attaquées. Etant souligné que, parmi les figues immatures attaquées qui présentent un diamètre important, la plupart l'ont été alors que leur diamètre faisait 1 cm de moins (les figues immatures continuant à se développer après la ponte, malgré la présence de larves...).

Enfin, Silba adipata McAlpine n'attaque pas les figues mûres ou au stade de la véraison. Ainsi, les observations de L. SAVASTANO sur l'évolution morphologique au cours de la maturation de la figue à l'ostiole oint d'huile, que je ne remets pas en cause, m'apparaissent sans rapport avec la lutte contre Silba adipata McAlpine.

Note : ces commentaires sont basés sur mes observations des trois figuiers de variétés différentes (une bifère et deux unifères) situés dans mon jardin (région de Toulon). En toute rigueur, il faut préciser qu'en vergers commerciaux de figuiers, ou dans d'autres régions, les observations sont peut-être différentes...

 

 

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