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Auteur : François DROUET.
Photographies : François DROUET.
(sauf indications).
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Figues infestées parvenant à maturité
J'observe régulièrement des figues mûres, ou au stade de la véraison (début de l'amollissement et du changement de couleur), qui présentent des symptômes d'attaque de Silba adipata McAlpine. Ces figues atteignent ensuite le stade de surmaturité, puis de dessèchement progressif sur l'arbre (voir chapitre). A l'intérieur de ces figues mûres, je constate un pourrissement partiel, et, parfois, j'observe des larves (voir chapitre), des pupes (voir chapitre), et même de jeunes imagos morts desséchés (voir chapitre).
Les figues qui présentent des symptômes d'attaque par Silba adipata McAlpine alors qu'elles sont mûres, ou au stade de la véraison, sont des figues qui ont été attaquées au stade immature. Elles ont continué à se développer après l'attaque, comme l'ensemble des figues attaquées, mais elles n'ont pas chuté au sol et sont parvenues à maturité.
Je rends compte ci-après de mes observations de figues infestées par Silba adipata McAlpine parvenant à maturité, selon le plan suivant : observation des récoltes, difficulté de détection sur l'arbre, date de ponte, observation de cas de figues mûres infestées, observation du CIVAMBIO 66.
OBSERVATION DES RÉCOLTES
J'observe tous les ans le phénomène de figues mûres infestées par Silba adipata McAlpine principalement sur mon figuier de la variété bifère 'Grise de la Saint-Jean' (tant pour les figues fleurs que pour les figues de deuxième récolte). Mais il m'arrive certaines années de détecter également quelques cas sur mes figuiers des variétés unifères 'Col de Dame Noire' et 'Bellone'.
Selon la variété et l'année, le phénomène affecte de 2 à 5 % du nombre de figues (immatures) portées par l'arbre dans la saison. Quelques exemples, ci-après.
En 2015, je n'ai noté qu'un faible nombre de figues mûres infestées (5 à 6 figues), uniquement de la variété 'Grise de la Saint-Jean' (figues fleurs et figues de deuxième récolte). Je les ai détectées au stade de figues à peine mûres.
En 2019, sur une production de 101 figues fleurs 'Grise de la Saint-Jean' (hors chute physiologique), j'ai décelé 5 figues infestées qui étaient au stade de la véraison ou de la maturité (soit 5 % de la production).
En 2021, sur une production de 181 figues fleurs 'Grise de la Saint-Jean' (hors chute physiologique), j'ai observé le passage de 3 figues infestées du stade immature au stade de la véraison, puis de la maturité (soit 2 % de la production de l'arbre).
DIFFICULTÉ DE DÉTECTION SUR L'ARBRE
J'ai constaté qu'une figue attaquée par Silba adipata McAlpine qui est parvenue au stade de la maturité est difficile à détecter sur l'arbre. En effet, elle reste attachée à l'arbre, poursuivant son évolution vers la surmaturité, et elle paraît tout à fait saine. Son aspect (forme, couleur, taille) est semblable à celui d'une figue non attaquée.
Toutefois, selon mon expérience, dans la quasi-totalité des cas cette figue présente un ou plusieurs trous de sortie de larve. Il existe des cas de figues mûres infestées ne portant pas de trous de sortie de larve, donc contenant des larves de Silba adipata McAlpine, mais ils sont d'une grande rareté (voir explication au chapitre relatif aux larves dans les figues mûres).
Ce sont les trous de sortie de larve qui permettent de déceler qu'une figue mûre n'est pas saine. Mais ceux-ci ne se voient que si l'on a l'œil exercé, et que l'on est près de la figue mûre infestée. L'attaque est moins difficile à identifier par les trous de sortie de larve si la maturité est peu avancée (figue encore ferme à la peau lisse). Si le stade de maturité est plus avancé, le plissement de l'épiderme de la figue peut empêcher la détection des trous de sortie de larve. Pour moi, c'est au stade de la véraison que les figues infestées se repèrent le mieux. La véraison est la période séparant la fin du stade immature de l'atteinte du stade de maturité, pendant laquelle la figue s'amollit et change de couleur (elle dure de 3 à 4 jours, selon les variétés).
Exemple 1 (figue au stade de la véraison).
Silba adipata McAlpine : figue attaquée au stade immature, parvenue au stade de la véraison.
(noter le trou de sortie de larve en haut, à droite, de la zone ensoleillée de l'épiderme).
Silba adipata McAlpine : trou de sortie de larve sur figue parvenue au stade de la véraison.
Exemple 2 (figue mûre).
Silba adipata McAlpine : figue attaquée au stade immature, parvenue au stade de la maturité.
(noter le trou de sortie de larve)
Silba adipata McAlpine : trou de sortie de larve sur figue attaquée au stade immature, parvenue au stade de la maturité.
(noter la petite zone plus foncée au-dessus du trou de sortie de larve).
Exemple 3 (figue mûre attaquée par une pie).
Silba adipata McAlpine : figue attaquée au stade immature, parvenue au stade de la maturité.
(figue fleur, variété 'Grise de la Saint-Jean' ; au bas de la figue, un trou de sortie de larve ; à gauche, attaque de pie).
Trou de sortie de larve de Silba adipata McAlpine sur figue mûre.
(figue fleur, variété 'Grise de la Saint-Jean' ; à gauche, attaque de pie).
Note.
J'ai remarqué que la petite zone violette qui entoure souvent le trou de sortie de larve de Silba adipata McAlpine sur l'épiderme de la figue immature (dure et verte) vire au noir lorsque la figue attaquée parvient à maturité. Ceci peut aider un œil exercé à détecter sur l'arbre que la figue mûre n'est pas saine. Dans certains cas, la zone noirâtre autour du trou de sortie de larve peut s'élargir au cours de la maturation de la figue ; j'ai même observé un cas où l'extension et la variation de couleur de la zone autour des trous de sortie de larve aboutissaient à une bande noirâtre visible d'assez loin pour une personne expérimentée (voir photographies ci-dessous).
Silba adipata McAlpine : figue attaquée au stade immature, parvenue au stade de la maturité.
(pour un œil exercé, une bande noirâtre permet de détecter que la figue a été attaquée au stade immature).
Silba adipata McAlpine : figue attaquée au stade immature, parvenue au stade de la maturité.
(noter les trois trous de sortie de larve le long de la bande noire).
DATE DE PONTE
Selon mes observations sur les figuiers, et selon ma méthode de détermination de la date de ponte basée sur l'examen de la figue (présence de trous de sortie de larve ; taille des larves, ce deuxième critère étant peu utilisé dans le cas des figues mûres), Silba adipata McAlpine n'attaque jamais les figues mûres. Les symptômes d'attaque détectés dans la figue mûre résultent de pontes réalisées lorsque celle-ci était au stade immature, ce qui est facile à vérifier en rapprochant l'état de maturité de la figue aux durées biologiques du cycle de vie de Silba adipata McAlpine.
Les durées biologiques indiquées par F. SILVESTRI pour l'été sont : 3 jours pour l'incubation des œufs ; 6 à 7 jours pour le développement complet de la larve.(abandon de la figue par la larve). Référence : SILVESTRI F., 1917, Sulla Lonchaea aristella Beck. (Diptera : Lonchaeidae) dannosa alle infiorescenze e fruttescenze del caprifico e del fico, Bollettino del Laboratorio di Zoologia Agraria in Portici, vol.12, pp. 123 -146. Ce qui situe à un total de 9 à 10 jours la durée séparant la ponte de l'abandon de la figue par la larve (apparition d'un trou de sortie de larve).
Selon mes observations de figues témoins, entre le début de la véraison de la figue (fin du stade immature, début d'amollissement et de changement de couleur) et l'atteinte de la maturité commerciale par celle-ci (figue tout juste mûre), il s'écoule 3 à 4 jours, en fonction de la variété. Par exemple : 3 jours pour 'Grise de la Saint-Jean' et 4 jours pour 'Bellone'.
Pour une figue mûre à point, le délai écoulé depuis la véraison augmente de 1 jour, soit passe à 4 et 5 jours. Ainsi, pour une figue tout juste mûre, la ponte a eu lieu au moins 5 à 7 jours avant le début de la véraison (cas possibles : 9 jours entre ponte et abandon de la figue - 3 jours entre début véraison et maturité ; 9 - 4 ; 10 - 3 ; 10 - 4) ; et pour une figue mûre à point, la ponte s'est produite au moins 4 à 6 jours avant la véraison (cas possibles : 9 - 4 ; 9 - 5 ; 10 - 4 ; 10 - 5). Il faut souligner qu'il s'agit de délais minimaux de faible occurrence.
Toutes les figues attaquées que je détecte au stade de la véraison (figue amollie et jaunie) le sont parce qu'elles portent déjà des trous de sortie de larve, ce qui situe les pontes avant les délais minimaux précités. En fait, selon mes observations, les attaques détectées dans les figues mûres ont eu lieu le plus souvent plusieurs semaines avant l'atteinte du stade de la maturité. Ce qui découle d'ailleurs du modèle d'attaque en 3 phases de Silba adipata McAlpine, d'après lequel un très fort pourcentage des attaques est concentré au cours de la courte phase d'attaques intenses (celle-ci se produisant plusieurs semaines avant l'atteinte du stade de maturité par les figues). A l'occasion d'une expérimentation en champ, j'ai même pu suivre l'évolution d'une figue fleur de la variété 'Grise de la Saint-Jean' attaquée par Silba adipata McAlpine qui a atteint le stade de la maturité 2,5 mois après la ponte. Son abscission est intervenue (au stade de complet dessèchement) 4 mois après celle-ci. Voir détails de l'observation au chapitre.
Silba adipata McAlpine pondant sous une écaille ostiolaire d'une figue immature.
OBSERVATION DE CAS DE FIGUES MÛRES INFESTÉES
CAS 1 : ATTAQUE DE SILBA ADIPATA McALPINE SANS INFECTION CRYPTOGAMIQUE
Ce cas concerne une figue tout juste mûre de la variété unifère 'Bourjassote Noire' (il se rencontre sur les figues de début de saison). L'infrutescence de la figue présente des dégâts de larves significatifs, mais on note l'absence totale de traces d'attaque cryptogamique qui aurait pu s'y ajouter.
Silba adipata McAlpine : dégâts de larves dans l'infrutescence d'une figue parvenue au stade de la maturité.
(noter l'absence de traces d'infection cryptogamique qui aurait pu s'ajouter aux dégâts de larves).
Silba adipata McAlpine : dégâts de larves dans l'infrutescence d'une figue parvenue au stade de la maturité.
CAS 2 : ATTAQUE DE SILBA ADIPATA McALPINE + INFECTION CRYPTOGAMIQUE LÉGÈRE
Ce cas concerne une figue fleur mûre de la variété 'Grise de la Saint-Jean', présentant des trous de sortie de larve de Silba adipata McAlpine.
Silba adipata McAlpine : figue fleur attaquée au stade immature, parvenue au stade de la maturité.
(l'aspect de la figue est celui d'une figue saine, mais on distingue sur le côté un trou de sortie de larve).
Silba adipata McAlpine : figue fleur mûre avec deux trous de sortie de larve (variété 'Grise de la Saint-Jean').
(noter, par le latex sur la tranche du pédoncule, que cette figue était encore attachée à l'arbre).
Silba adipata McAlpine : deux trous de sortie de larve sur figue fleur mûre (variété 'Grise de la Saint-Jean').
A l'intérieur, la figue fleur mûre présente des amas jaunâtres à brunâtres au sein de l'infrutescence, consécutifs aux dégâts des larves de Silba adipata McAlpine au stade immature, ainsi que des traces noirâtres de pourriture. Ces dernières sont dues à l'action d'un champignon pathogène (de type moisissure) venu infecter l'infrutescence fragilisée par les dégâts des larves (photographie ci-dessous).
Intérieur de la figue fleur attaquée au stade immature par Silba adipata McAlpine, et parvenue à maturité.
(variété 'Grise de la Saint-Jean').
CAS 3 : ATTAQUE DE SILBA ADIPATA McALPINE + INFECTION CRYPTOGAMIQUE IMPORTANTE
Ce cas concerne une figue de deuxième récolte mûre de la variété bifère 'Grise de la Saint-Jean', présentant des trous de sortie de larve de Silba adipata McAlpine.
Mouche noire du Figuier : trous de sortie de larve sur figue mûre de deuxième récolte (variété 'Grise de la Saint-Jean').
Mouche de la figue : trou de sortie de larve sur figue mûre.
(figue de deuxième récolte, variété 'Grise de la Saint-Jean').
En ouvrant la figue mûre présentant des trous de sortie de larve, on constate que l'intérieur est partiellement mais significativement pourri, consécutivement à l'action d'un champignon pathogène (de type moisissure) venu infecter l'infrutescence fragilisée par les dégâts de larves de Silba adipata McAlpine. Du fait du degré de moisissure important (totalité de la cavité centrale affectée), les dégâts de larves dans l'infrutescence ne sont plus visibles.
Silba adipata McAlpine : intérieur d'une figue de deuxième récolte attaquée au stade immature, et parvenue à maturité.
(variété 'Grise de la Saint-Jean').
Note : il convient de ne pas confondre une figue mûre dont l'intérieur présente des dégâts de larves et un pourrissement partiel qui s'y est ajouté, avec une figue mûre qui ne contient que de la moisissure (attaque cryptogamique), et qui n'a pas subi d'attaque de Silba adipata McAlpine. Dans le cas où les dégâts de larves ne sont plus visibles dans l'infrutescence, en sus de la présence de trous de sortie de larve sur l'épiderme, des traces de galeries dans le parenchyme amolli sont des indices qui permettent de déceler une attaque de Silba adipata McAlpine. Voir détails dans le chapitre "Confusion à éviter avec la moisissure interne". En dernier ressort, l'examen des écailles et du canal ostiolaires au stéréomicroscope permet de détecter une attaque de Silba adipata McAlpine par la présence d'enveloppes d'œufs vides (chorions).
CURIEUSE OBSERVATION DU CIVAMBIO 66
Margaux ALLIX, en charge de l'appui technique en arboriculture bio au CIVAMBIO 66, m'a fait part en septembre 2019 d'une curieuse et inédite observation.
Il s'agit d'une figue de la variété 'Bourjassotte Noire' extérieurement non encore mûre mais allant vers la maturité, qui porte des trous de sortie de larves et qui révèle après ouverture une infrutescence sèche de couleur blanche à base rouge.
Figue 'Bourjassotte Noire' paraissant évoluer vers la maturité, mais à infrutescence sèche à base rouge.
Crédit : Margaux ALLIX.
A l'examen de plus près (les deux photographies ci-après), je note sur la faible portion d'épiderme visible que celui-ci est de couleur foncée. Je remarque aussi que les écailles ostiolaires ne sont pas brunies par de la moisissure interne
Figue évoluant extérieurement vers la maturité, mais présentant une infrutescence sèche de couleur blanche à base rouge.
(noter que l'épiderme est de couleur foncée, à droite, et que l'ostiole n'est pas affecté par une moisissure interne).
Crédit : Margaux ALLIX.
Et j'observe surtout des symptômes internes d'attaque de Silba adipata McAlpine (extrémités des fruits brunies et déchiquetées, importante galerie creusée dans le parenchyme sous l'épiderme), qui corroborent la présence des trous de sortie de larve à la surface de l'épiderme.
Symptômes d'attaque de Silba adipata McAlpine.
(noter les extrémités brunies des fruits au niveau de la cavité centrale et la galerie dans le parenchyme, en bas).
Crédit : Margaux ALLIX.
Comment expliquer la présence d'une infrutescence sèche (de couleur blanche avec base rouge) dans une figue dont l'aspect extérieur laisse penser qu'elle évolue vers la maturité ?
Infrutescence sèche de couleur blanche avec base rouge d'une figue d'aspect extérieur évoluant vers la maturité.
(noter que la couleur rougeâtre concerne la paroi interne du parenchyme et la base des fruits).
Crédit : Margaux ALLIX.
J'interprète ce phénomène de la façon suivante : la figue a commencé à mûrir en devenant foncée au niveau de l'épiderme, puis le mûrissement s'est poursuivi au niveau de la paroi interne du parenchyme et de la base des fruits, qui sont devenues rouges ; mais les fruits n’ont pas pu continuer à mûrir et ont séché, conservant leur couleur blanche originelle sur la plus grande partie de leur surface. Je pense que cela s'explique par la quantité d’éthylène endogène synthétisée (suite aux dégâts de larves) qui a été insuffisante pour que les fruits mûrissent autrement qu’à leur seule base.
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