Silba adipata McAlpine

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Auteur : François DROUET
Photographies : François DROUET

Tous droits réservés 

 

 

Séquence de pontes d'une femelle sur un figuier

 

 

 

Selon le plan suivant : observations antérieures aux miennes, campagne d'observation des pontes 2020, observation principale, deux autres observations de séquences de pontes longues, observations de séquences de pontes courtes, longueur d'une séquence de pontes, durée d'une séquence de pontes, observation à approfondir.

 

OBSERVATIONS ANTÉRIEURES AUX MIENNES

 

Rémi PÉCOUT, technicien à la Chambre d'agriculture du Var, qui assiste notamment les producteurs de figues de la région de Solliès-Pont (le plus important verger commercial de figuiers en France), m'a rapporté en 2016 qu'il a observé qu'une même mouche noire du Figuier peut visiter successivement jusqu'à une vingtaine de figues dans un même figuier et pondre dans chacune d'entre elles. Il souligne que cela constitue un facteur de nuisance considérable. La très intéressante observation de Rémi PÉCOUT n'était pas documentée en 2016 (après des recherches approfondies sur Internet en plusieurs langues, je n'ai trouvé aucune étude ou observation qui vienne la prolonger).

Ce comportement de ponte n'est pas rapporté par F. SILVESTRI dans son article majeur relatif à la mouche noire du Figuier. Référence : SILVESTRI F., 1917, Sulla Lonchaea aristella Beck. (Diptera : Lonchaeidae) dannosa alle infiorescenze e fruttescenze del caprifico e del fico, Bollettino del Laboratorio di Zoologia Agraria in Portici, vol.12, pp. 123 -146.

Il n'est également pas rapporté par B. I. KATSOYANNOS, qui a étudié en 1981 et 1982 des populations importantes de mouches noires du Figuier dans l'île de Chios (Grèce). Référence : KATSOYANNOS B. I., 1983, Field observations on the biology and behavior of the black fig fly Silba adipata McAlpine (Diptera, Lonchaeidae), and trapping experiments, Z. ang. Entomol. 95, pp. 471-476.

 

CAMPAGNE D'OBSERVATION DES PONTES 2020

 

Il est difficile de pouvoir observer une ponte de Silba adipata McAlpine. A fortiori d'observer la séquence des pontes successives dans un même figuier d'une femelle de l'espèce. En 2020, quatre ans après avoir pris connaissance des observations de Rémi PÉCOUT, malgré l'observation de quelques pontes, je n'étais toujours pas parvenu à observer une séquence de pontes successives d'une même femelle sur le même figuier.

J'ai donc décidé de mener une campagne d'observation des pontes de Silba adipata McAlpine sur une touffe de figuier de la variété unifère 'Bellone' effeuillée sélectivement, dans l'objectif de déterminer le nombre de figues attaquées successivement par une femelle dans un même figuier.

Un autre objectif principal étant d'établir le nombre de femelles pondeuses présentes simultanément ou successivement sur le figuier, plusieurs objectifs secondaires étant également définis. Voir les détails de la campagne (objectifs, dates, conditions, dispositif d'observation, décompte des pontes et des figues) au chapitre "Campagne d'observation des pontes 2020".
 

Silba adipata McAlpine : ponte (oviposition) dans une figue immature (variété 'Bellone')

Silba adipata McAlpine : ponte (oviposition) dans une figue immature (variété 'Bellone').
 

Au cours de cette campagne, j'ai pu réaliser une observation principale et deux autres observations qui confirment les observations de Rémi PÉCOUT. Je rapporte ces trois observations ci-après, sachant que mes observations de nombre et de comportement des femelles pondeuses présentes sur le figuier sont intégrées dans le chapitre "Nuisance de la population de mouches d'un figuier".

 

OBSERVATION PRINCIPALE

 

NOMBRE DE PONTES SUCCESSIVES

Le 2 juin 2020, lors de la seizième séance quotidienne d'observation, j'ai pu observer une longue séquence de pontes successives d'une femelle de Silba adipata McAlpine. Conditions climatiques : ciel couvert avec belles éclaircies, temps chaud, vent moyen.

A 12 h 45, j'étais placé au bon endroit pour voir une mouche isolée venant de l’extérieur du figuier (orientation est) se poser directement sur une figue de la touffe de figuier ‘Bellone’, à 2 m de hauteur, et commencer à pondre immédiatement. Avoir pu déterminer que la mouche ne venait pas de l'intérieur du figuier donne la garantie que j'ai observé la séquence de pontes dès son début.

La mouche a pondu successivement 16 fois, sur 14 figues car à deux reprises elle a pondu à nouveau dans une figue dans laquelle elle avait déjà pondu. Dans les deux cas, les deux pontes dans la même figue ont été espacées de plusieurs pontes dans d’autres figues.

Compte tenu qu’à deux reprises j’ai perdu la mouche de vue pendant plusieurs minutes, il se peut que le nombre de pontes ait été supérieur (de l'ordre de 5, peut-être). Le nombre d’une vingtaine de pontes consécutives rapporté par Rémi PÉCOUT pourrait alors être confirmé. Mais, pour mon observation, je retiens 16 pontes consécutives portant sur 14 figues.
 

Silba adipata McAlpine : ponte (oviposition) sous une écaille ostiolaire (figue immature).
(noter l'ovipositeur glissé sous l'écaille ostiolaire
).

 

CARACTÉRISTIQUES DE LA SÉQUENCE DE PONTES

Chronologie : les pontes successives ont été de 11 (dont deux dans la même figue) pendant une demi-heure (de 12 h 45 à 13 h 15). Puis j'ai perdu la mouche de vue (pendant quinze minutes). J'ai observé trois autres pontes à 13 h 30, 13 h 35 et 13 h 40. J'ai à nouveau perdu de vue la mouche (pendant 20 minutes). Et jai pu observer deux dernières pontes à 14 h et 14 h 10 (dont une dans une figue dans laquelle la mouche avait déjà pondu).

Hauteur des figues attaquées : la mouche s'est tenue dans le haut de la touffe de figuier, sachant que celle-ci avait une hauteur de 2,50 m à 3 m selon les endroits (pour un diamètre de 4 m). Toutes les figues attaquées étaient situées entre 1,80 m et 2,50 m au-dessus du sol, sauf une à 1,50 m.

Distances entre pontes : j'ai pu mesurer les distances entre les pontes après la fin de la séquence car, quasi immédiatement après la fin de chacune des pontes, j'ai brisé le pétiole de la feuille la plus proche de la figue attaquée, en laissant pendre la feuille. Il est apparu que la mouche a effectué des enchaînements de pontes sur 3 à 4 figues espacées de 30 à 60 cm, avec des changements de zone sur la touffe par un vol long de 2 à 3 m.

Diamètres des figues attaquées (mesures au pied à coulisse en fin de séquence de pontes) : pour les deux tiers des figues attaquées, le diamètre s'échelonnait de 1,5 à 2 cm, et pour un tiers de celles-ci, le diamètre s'échelonnait de 1,1 à 1,4 cm.

 

COMPORTEMENTS PARTICULIERS

Pendant la séquence de pontes successives, la mouche a enchaîné les attaques de figues sans interruptions, en ne s'intéressant ni aux feuilles, ni au latex exsudant de pétioles sectionnés (les mouches présentes dans la touffe et ne pondant pas se posaient sous les feuilles et sur les pétioles sectionnés).

Entre deux figues dans lesquelles elle a pondu, la mouche s'est posée brièvement dans la zone de l'ostiole de plusieurs figues (et, pour certaines de celles-ci, y a même marché) sans réaliser de pontes, semblant tester ces figues.

J'ai remarqué qu'à la fin de presque toutes les pontes, la mouche s'est lissé pendant quelques secondes les pattes de l'arrière, posée au-dessus ou près de l'ostiole, avant de s'envoler. Ce lissage s'effectuant contre l'ovipositeur maintenu extériorisé. Il est d'ailleurs possible que ce soit l'ovipositeur qui soit lissé à l'aide des pattes de l'arrière. Ou les deux... Il est arrivé que le lissage des pattes de l'arrière se déroule aussi au cours de la ponte et non uniquement à la fin de celle-ci. J'ai noté que, lors de certaines pontes, la femelle s'est également lissé les pattes de l'avant entre elles.
 

Silba adipata McAlpine : lissage des pattes de l'arrière contre l'ovipositeur juste après la ponte

Silba adipata McAlpine : lissage des pattes de l'arrière contre l'ovipositeur juste après la ponte.

 

DEUX AUTRES OBSERVATIONS DE SÉQUENCES DE PONTES LONGUES

 

Malgré la mise en œuvre d'un dispositif facilitateur de l'observation, il m'a été difficile de pouvoir suivre plus de quatre à cinq pontes successives d'une femelle sans la perdre de vue ensuite, pour la retrouver généralement après 15 à 20 minutes. Néanmoins, du fait que la touffe de figuier n'a été fréquentée dans la très grande partie des cas que par une seule femelle pondeuse à la fois, j'ai pu réaliser deux observations qui confortent mon observation principale.

 

OBSERVATION 1 (6 juin 2020)

L'observation a eu lieu par temps ensoleillé mais assez frais, avec vent assez fort.

De 14 h 40 à 15 h 06 : séquence de 9 pontes successives pour la même femelle - dont 3 sur figues visitées les jours précédents par d'autres femelles (figues étiquetées avec un numéro de ponte) ; distances entre pontes : 1 à 2 m (7 fois) et 0,40 à 0,60 m (2 fois).

15 h 12 à 16 h 05 : 16 pontes observées, dont plusieurs sur des figues visitées les jours précédents par d'autres femelles. Pour ces 16 pontes, j'ai identifié 2 femelles par leur différence de taille très nette, l'une d'elles étant celle à l'origine de la séquence de 9 pontes successives précitée. Distances entre deux pontes : le plus souvent entre 1 et 2 m, minoritairement 0, 40 à 0,60 m et quelquefois 5 à 10 cm (figues du même groupe à l'extrémité du rameau).

Je n'ai pu observer qu'à 16 h les 2 femelles pondant en même temps (à 20 cm l'une de l'autre). Auparavant, j'avais observé uniquement tantôt l'une, tantôt l'autre. Les 2 femelles étaient les seules présentes sur la touffe de figuier pendant l'observation.

Si l'on fait l'hypothèse que la moitié des 16 pontes de 15 h 12 à 16 h 05 peut être attribuée à la femelle pour laquelle j'ai observé 9 pontes successives de 14 h 40 à 15 h 06, le nombre de pontes de celle-ci serait de 17.

 

OBSERVATION 2 (13 juin 2020)

L'observation a eu lieu lors d'une belle éclaircie après une pluie soutenue, par temps doux et en l'absence de vent. De 18 h à 19 h, j'ai assisté à 13 attaques de figues successives par une seule femelle, étonnamment concentrées sur une zone d'environ 1 m2, située à l'ombre en périphérie nord ouest de la touffe de figuier et comportant environ 20 figues.

J'ai constaté que c'était la seule femelle pondeuse présente sur la touffe.

J'ai remarqué qu'au cours de la séquence de pontes, il lui est arrivé de pondre dans une figue dans laquelle elle avait déjà pondu (mais je n'ai pas pu consigner exactement combien de fois).

J'ai également noté que, dans la zone d'attaques restreinte, la femelle a souvent testé des figues sans y pondre  (en se posant dessus et parfois en se plaquant contre l'ostiole). J'ai pu dénombrer jusqu'à 5 figues testées avant la figue dans laquelle la femelle a pondu.

Auparavant, depuis le début de l'observation de l'après-midi (16 h 30) et sur toute l'étendue de la touffe de figuier, j'avais assisté à 10 pontes, mais de façon non consécutive. Tout en observant la présence d'une seule femelle pondeuse sur la touffe de figuier.

Soit un total de 23 pontes de 16 h 30 à 19 h (durée : 2 h 30). Compte tenu de la durée de l'observation des 23 pontes, il est très probable que la femelle ayant enchaîné 13 pontes à 1 m de moi de 18 h à 19 h n'est pas responsable des 23 pontes. Une autre femelle a dû la précéder dans les 10 pontes observées de 16 h 30 à 18 h, puis quitter le figuier.
 

Silba adipata McAlpine : ponte (oviposition) dans l'ostiole d'une figue immature

Silba adipata McAlpine : ponte (oviposition) dans l'ostiole d'une figue immature.
(l'ovipositeur est glissé sous une écaille ostiolaire).

 

OBSERVATIONS DE SÉQUENCES DE PONTES COURTES

 

OBSERVATIONS DE JUIN 2020

Au cours de la campagne d'observation des pontes 2020, j'ai pu établir que la femelle Silba adipata McAlpine peut atteindre un nombre de 20 pontes successives sur un même figuier. Mais les nombreuses séquences de pontes successives nettement plus courtes que j'ai observées ont montré qu'il s'agit d'un nombre que la femelle n’atteint pas obligatoirement lors de sa visite d’un figuier. En fait, les séquences longues que j'ai le plus fréquemment observées comptaient de 9 à 13 ovipositions.

Et pour les séquences courtes, le nombre de pontes successives d'une même femelle que j'ai compté est le plus fréquemment de 3 à 5. Mais il s'agit de décomptes des pontes observées, qui n'incluent pas les pontes éventuelles non visibles au début ou en cours de séquence.

Sous réserve du strict respect de la méthode d'observation rigoureuse utilisée au cours de la campagne 2020, on peut faire une estimation des pontes non vues, et les séquences courtes observées comptent alors au minimum de 4 à 6 pontes, et peuvent compter de 8 à 10 pontes. Voir transposition des séquences observées en séquences complètes au sous-chapitre "Longueur d'une séquence de pontes successives", infra.

 

OBSERVATIONS D'AVRIL 2021

En début de saison 2021, pour faciliter l'observation des pontes de Silba adipata McAlpine, j'ai effeuillé sélectivement mon figuier 'Grise de la Saint-Jean' au fur et à mesure de la croissance des feuilles, de façon à ce que la totalité des groupes de figues fleurs (au bout des rameaux de l'année précédente) soit visible en faisant le tour de l'arbre. J'ai pu observer six séquences de pontes successives sur des figues fleurs différentes par une même femelle de Silba adipata McAlpine. J'ai compté 10 pontes pour l'une d'entre elles, et de 3 à 7 pontes pour les cinq autres.

Le 31 mars, j'ai observé pour la première fois une femelle en cours de ponte (ce n'était pas la première ponte de l'année...). J'ai pu suivre la femelle dans ses activités de ponte de 14 h 30 à 15 h 15 (soit pendant 45 mn), avant de la perdre définitivement de vue. Elle a réalisé une séquence de 7 pontes successives dans des figues fleurs immatures différentes, en se déplaçant par des courts vols de 0,70 à 1,20 m.

Le 13 avril, à partir de 14 h : observation d'une séquence de 5 pontes. Le même jour, de 17 h à 17 h 45 (45 mn) : séquence de 10 pontes.

Le 20 avril, de 15 h 30 à 16 h (30 mn) : séquence de 3 pontes. J'ai remarqué que la femelle séjournait très longtemps sur la même figue (jusqu'à 6 minutes), mais je l'ai perdue de vue plusieurs minutes à deux reprises. Je pense donc qu'elle a réalisé au moins 2 pontes qui m'ont échappé (entre la première et la seconde des pontes observées, puis entre la seconde et la troisième des pontes observées).

Le 23 avril, de 10 h 50 à 11 h 30 (40 mn) : séquence de 6 pontes. Le même jour, de 16 h 53 à 17 h 20 (27 mn) : séquence de 4 pontes.

Lors des observations de séquences de pontes précitées, j'ai pu constater (par mes déplacements autour de l'arbre effeuillé sélectivement) que la femelle pondeuse était seule sur le figuier.
 

Silba adipata McAlpine : ponte sous une écaille ostiolaire d'une figue fleur immature (variété 'Grise de la Saint-Jean')

Silba adipata McAlpine : ponte sous une écaille ostiolaire d'une figue fleur immature (variété 'Grise de la Saint-Jean').

 

Silba adipata McAlpine : ponte sous une écaille ostiolaire d'une figue fleur immature

Silba adipata McAlpine : ponte sous une écaille ostiolaire d'une figue fleur immature.
(variété 'Grise de la Saint-Jean').

 

OBSERVATION DE JUIN 2021

Une autre observation postérieure aux observation des pontes 2020 confirme aussi l'existence de séquences courtes de pontes successives d'une femelle Silba adipata McAlpine sur le même figuier.

Le 23 juin 2021, sur la touffe de figuier 'Bellone' (que j'avais effeuillée sélectivement), j'ai observé une séquence de 3 pontes successives, qui a débuté à 8 h 11 et qui a duré 11 minutes. La femelle a tout d'abord pondu dans une figue de diamètre 1,7 cm, à exposition est et située à 1,20 m du sol. Puis elle s'est déplacée de 2,50 m pour pondre dans une figue de diamètre 1,8 cm, à exposition nord et située à 0,40 m du sol. Et elle a visité ensuite une troisième figue, distante de 1,50 m, de diamètre 1,8 cm, à la même exposition et située à 0,60 m du sol, avant de quitter le figuier en s'envolant assez vivement  vers l'ouest.

Je suis certain que cette femelle, qui était seule sur le figuier, a quitté celui-ci à la fin de la séquence de 3 pontes : je n'avais laissé sur la touffe qu'une quarantaine de figues (très visibles, grâce à l'effeuillement sélectif des rameaux), et je les ai toutes vérifiées deux fois, au cours de deux tours consécutifs lents du figuier. Lors de ces tours du figuier, je n'ai par ailleurs détecté aucune mouche moire sur le revers des feuilles, le bois de l'année ou les points de suintement de latex des jours précédents. Un troisième tour du figuier, un quart d'heure plus tard, a donné les mêmes résultats.

J'ai détecté la femelle pondeuse sur la première figue depuis le poste d'observation (figue située à 2 m de moi), et le tour de figuier qui a précédé la détection s'était terminé seulement 10 minutes auparavant (je note sur ma fiche d'observation l'heure de début et l'heure de fin de tous les tours de figuier). Pendant ce laps de temps, la femelle a pu visiter 3 à 4 figues dans la zone non visible depuis le poste d'observation, ce qui porte à 6 à 7 le nombre maximal possible de pontes pendant la séquence observée. Mais il est tout à fait possible que la première figue sur laquelle j'ai détecté la femelle ait été la première de la séquence, limitée alors aux trois pontes observées.

 

LONGUEUR D'UNE SÉQUENCE DE PONTES SUCCESSIVES

 

Au cours de la campagne d'observation des pontes 2020, j'ai pu établir que la femelle Silba adipata McAlpine peut atteindre un nombre de 20 pontes successives sur un même figuier. Mais le nombre de pontes successives d'une même femelle que j'ai compté le plus fréquemment est de 3 à 5 pour les séquences courtes, et de 9 à 13 pour les séquences longues.

Il faut avoir à l'esprit qu'il s'agit de décomptes de pontes observées, qui n'incluent pas les pontes éventuelles non visibles au début ou en cours de séquence. Lorsque j'observe une ponte depuis le poste d'observation, si je n'ai pas vu la femelle arriver sur le figuier (il est très rare de pouvoir le faire), il faut ajouter de 1 à 5 pontes pour le début de séquence non vu, auxquelles s'ajoutent 3 à 5 pontes si je perds de vue la femelle pondeuse au cours de la séquence pour la retrouver 10 à 20 minutes après.

Ainsi, les séquences de pontes successives courtes les plus fréquemment observées (3 à 5 pontes) sont en réalité (sauf rares cas où j'aurais pu voir arriver la femelle sur le figuier) des séquences qui comptent au minimum de 4 à 6 pontes, et qui peuvent compter jusqu'à 8 à 10 pontes. Et les séquences de pontes successives longues les plus fréquemment observées (9 à 13 pontes) sont en réalité (sauf rares cas où j'aurais pu voir arriver la femelle sur le figuier) des séquences qui comptent au minimum de 10 à 14 pontes, et qui peuvent compter jusqu'à 14 à 18 pontes. Sachant que, s'agissant de séquences de pontes longues les plus fréquemment observées, et non des séquences de pontes les plus longues, la valeur 18 ne constitue pas le nombre maximum de pontes successives observables ou réelles d'une femelle sur le même figuier.

Pour évaluer la totalité d'une séquence de pontes, il convient de prendre en compte aussi les pontes qui peuvent intervenir pendant les périodes où je perds de vue la femelle pondeuse, pour la retrouver 10 à 20 minutes après. Pendant ce laps de temps, de 3 à 5 pontes ont pu avoir lieu, selon le temps moyen passé sur chacune des figues par la femelle considérée (qui lui est spécifique).

Pour expliquer les valeurs utilisées pour passer du nombre de pontes successives observées au nombre de pontes réelles de la séquence, il convient de se référer à ma méthode d'observation. Celle-ci est la position assise à 2 mètres du figuier, à un endroit permettant la vue sur le maximum de groupes de figues immatures (la moitié de ceux-ci seulement, en raison du volume du figuier, bien qu'ils soient effeuillés sélectivement), entrecoupée toutes les quinze à vingt minutes d'un tour très lent autour du figuier (7 minutes), au cours duquel je me livre à un examen minutieux de la totalité des groupes de figues.

En fait, pendant la campagne d'observation des pontes de 2020, je me suis trouvé dans deux cas d'observation des séquences de pontes : soit à mon arrivée sur le poste d'observation (au cours d'un premier tour immédiat du figuier), soit au cours de la séance d'observation, une fois installé sur le poste d'observation.

Dans le premier cas, j'ai vraisemblablement observé presque toujours une séquence de pontes successives en cours. Mon arrivée a pu coïncider avec la première ponte de la séquence, mais la probabilité en est faible. Dans ce premier cas, de très faible occurrence par rapport au second, je ne peux pas estimer le nombre de pontes éventuellement non vues depuis le début de la séquence. Dans le second cas, la probabilité de prendre une séquence de pontes en cours est également très forte, car il est très rare de pouvoir observer l'arrivée d'une femelle pondeuse sur le figuier. Mais je peux estimer le nombre de pontes éventuellement manquées au début de la séquence.

Lorsque je suis assis, une femelle pondeuse peut se présenter dans mon champ d'observation après avoir commencé sa séquence de pontes dans les groupes de figues non visibles depuis le poste d'observation. Je puis aussi la détecter lors d'un tour du figuier, mais elle a alors commencé sa séquence de pontes (entre deux tours successifs de ma part) dans la partie des groupes de figues non visibles depuis mon poste d'observation. Compte tenu de la régularité des tours autour du figuier que je m'astreins à respecter, et de la durée séparant deux tours successifs (quinze à vingt minutes), je considère que je puis manquer au maximum les 5 premières pontes de la séquence (donc de 1 à 5 pontes).

Etant souligné que le nombre de pontes non vues ne peut pas être estimé dans le cas de l'observation d'une séquence de pontes au hasard d'un passage dans le verger (c'est à dire hors poste d'observation avec la méthode exposée ci-dessus).

 

DURÉE D'UNE SÉQUENCE DE PONTES SUCCESSIVES

 

La durée d'une séquence de pontes successives de Silba adipata McAlpine sur un même figuier dépend du nombre de pontes constituant la séquence, et de la durée de présence de la femelle sur chacune des figues concernées par une ponte (temps de ponte stricto sensu + temps de présence hors ponte sur la figue : marche, toilettage ou présence immobile, parfois longue).

En toute rigueur, il faut y ajouter la durée des "tests de figues" (figues visitées sans y pondre) entre deux figues donnant lieu à ponte : temps de séjour sur la figue (généralement, de 2 à 20 secondes par figue testée). Etant rappelé que, selon mes observations, entre deux pontes successives, une femelle pondeuse teste de 1 à 5 figues sans y pondre. Et il faut ajouter aussi les tremps de vol d'une figue à l'autre (figues visitées et figues testées), qui représentent un maximun de 2 minutes pour une séquence comptant 10 ovipositions.

Il n'y a pas d'autres temps intermédiaires à prendre en considération. Au cours d'une séquence de pontes successives d'une femelle, je n'ai jamais observé d'activité de nutrition (même en présence de points de suintement de latex frais), ni de temps de repos sur le revers des feuilles ou sur le bois de l'année, ni de détournement de l'activité de ponte par la proximité de mouches consommatrices, posées sur l'arbre ou passant très près en vol (dans ce dernier cas, une mouche non pondeuse se joint le plus souvent à sa congénère en vol en un duo tourbillonnant...).

J'ai remarqué que les temps passés sur une figue varient significativement d'une femelle pondeuse à l'autre, au niveau du temps de ponte, du temps hors ponte passé sur la figue, ou des deux. De ce fait, pour un nombre égal de figues visitées, il n'est pas rare de constater une durée de séquence de pontes successives qui varie du simple au double d'une femelle pondeuse à une autre.

Selon mes observations, je retiens 1 h à 1 h 30 comme durée la plus fréquente pour les séquences de pontes successives longues, et 20 à 40 mn pour celle des séquences de pontes successives courtes.

Il s'agit de la durée de la séquence des pontes successives observées, à laquelle il conviendrait d'ajouter la durée des pontes de début de séquence que j'ai éventuellement manquées (donc la durée de 1 à 5 pontes, très variable, que l'on peut estimer à 5 à 30 mm). Etant souligné que la fourchette de 1 à 5 pontes non vues ne peut être retenue que pour des séquences de pontes observées depuis un poste fixe avec la méthode exposée supra ; le nombre de pontes non vues et leur durée ne peuvent pas être estimés dans le cas de l'observation d'une séquence de pontes au hasard d'un passage dans le verger. La durée des pontes réalisées pendant les périodes où j'ai perdu de vue la femelle pondeuse au cours de la séquence de pontes n'est pas à rajouter, car incluse dans le chronométrage global de celle-ci.

Exemples de séquences de pontes observées en juin 2020 (touffe de figuier de la variété unifère 'Bellone').

16 pontes en 1 h 25 mn (2 juin, 12 h 45 à 14 h 10) ; 12 pontes en 1 h 20 mn (3 juin, 17 h 35  à 18 h 55) ; 11 pontes  en 1 h 24 mn (16 juin, 16 h 36 à 18 h) ; 13 pontes en 1 h (13 juin, 18 h à 19 h) ; 9 pontes en 26 mm (6 juin, 14 h 40 à 15 h 06) ; 7 pontes en 50 mn (7 juin, 8 h 50 à 9 h 40) ; 6 pontes en 21 mn (16 juin, 12 h 44 à 13 h 05).

Exemples de séquences de pontes observées en avril 2021 (figuier de la variété 'Grise de la Saint-Jean').

10 pontes en 45 mn (13 avril, 17 h à 17 h 45) ; 7 pontes en 45 mn (31 mars, 14 h 30 à 15 h 15) ; 6 pontes en 40 mn (23 avril, 10 h 50 à 11 h 30).

 

OBSERVATION A APPROFONDIR 

 

Il s'agit de l'arrivée et du départ du figuier de la femelle pondeuse. Selon mes observations de juin 2020, il semble que la femelle Silba adipata McAlpine pondeuse arrive de l'extérieur pour pondre sur un figuier donné, réalise sa séquence de pontes successives, puis quitte le figuier sur lequel elle vient de pondre.

La séquence de pontes successives d'une femelle sur un figuier ne serait donc pas précédée ni suivie d'autres activités de celle-ci sur le figuier. La femelle pondeuse ne serait pas une femelle présente sur le figuier pour des activités de nutrition qui se mettrait à pondre, et elle ne se livrerait pas à des activités de nutrition sur le figuier après avoir terminé sa séquence de pontes sur celui-ci.

Ce point mérite approfondissement, pour confirmation ou infirmation, lors de mes observations de pontes postérieures à l'année 2020. Lors de l'observation d'une séquence de 3 pontes successives réalisée le 23 juin 2021 sur mon figuier de la variété 'Bellone', j'ai nettement vu la femelle quitter immédiatement le figuier à la fin de la séquence de pontes, et j'ai pu le vérifier par deux inspections immédiates consécutives du figuier (voir détails de l'observation supra, au sous-chapitre "Observations de séquences de pontes courtes".

Il convient de procéder à un nombre plus important d'observations pour pouvoir tirer des conclusions probantes.

 

 

REMARQUE

La nuisance d'une séquence de pontes successives d'une femelle sur le même figuier est atténuée par deux facteurs : la pluralité de pontes dans une même figue et les fausses pontes. Elle peut même être totalement annihilée dans le cas d'une séquence de pontes stériles. Voir ce chapitre pour les pontes multiples dans une même figue, et ce chapitre pour les fausses pontes et les pontes stériles.

 

 

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