Silba adipata McAlpine

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Accueil > Moyens de lutte > Ensachage indiduel des figues : évaluation de l'efficacité contre la cératite.

 

Auteur: François DROUET
Photographies : François DROUET
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Ensachage individuel des figues immatures

 

Evaluation de l'efficacité contre la cératite

 

 

 

L'ensachage individuel des figues immatures est le procédé de lutte contre Silba adipata McAlpine que j'ai retenu (voir chapitre spécifique). Il concerne la culture du figuier par les amateurs, avec un nombre restreint de figuiers (il requiert alors une charge de travail tout à fait acceptable). Pour les professionnels, il engendre un coût de main d'œuvre prohibitif, mais je laisse y réfléchir ceux d'entre eux qui pratiquent la culture en mode biologique sur des superficies peu importantes.

L'utilisation de sachets en organza permet de protéger 100 % de la récolte de figues contre Silba adipata McAlpine. L'observation attentive des récoltes de figues protégées par des sachets en organza m'a permis de tirer un certain nombre d'enseignements relatifs au degré d'efficacité de ceux-ci contre les autres ravageurs de la figue. Je livre ci-après mes observations relatives aux attaques de la cératite (mouche méditerranéenne des fruits, Ceratitis capitata Wiedemann) sur les figues protégées par un sachet en organza. Selon le plan suivant : possibilités de ponte, traces des pontes sur les sachets, concentration des pontes, améliorations envisageables pour les sachets.

 

POSSIBILITÉS DE PONTE DE LA CÉRATITE

 

Dès l'apparition annuelle de la cératite dans mon jardin, vers le 30 juin, les figues font l'objet d'attaques de la part de celle-ci. La cératite n'attaque pas les figues immatures dures et vertes, mais elle attaque avec frénésie les figues s'étant amollies (véraison, maturité, surmaturité), en pondant à la fois dans le canal ostiolaire et à tout endroit de l'épiderme (elle ne pond pas sous les écailles ostiolaires).

Le sachet en organza posé sur la figue maintient l'ostiole hors de portée de l'ovipositeur de la cératite au stade de la maturité, comme il le fait pour la mouche noire du Figuier au stade de l'immaturité. Mais, contrairement à la mouche noire du Figuier qui ne pond que dans l'ostiole, la cératite conserve deux possibilités de ponte.

D'une part, j'ai remarqué que si un sachet a été serré un peu haut sur le col de la figue, ce qui arrive parfois sur des figues pour lesquelles la pose a été difficile, la cératite pond sur la très petite partie du col non protégée par le sachet (même sur 1 mm).

D'autre part, j'ai observé que la cératite pond activement dans l'épiderme de la figue mûre à l'endroit où le sachet en organza frotte contre le flanc de celle-ci, par suite de l'accroissement du volume du fruit au cours de la phase finale de la maturation.

Ci-après, exemple d'une cératite qui circule sur le sachet en organza avec l'ovipositeur sorti, après avoir pondu dans la zone de contact du sachet protecteur et du flanc de la figue, reconnaissable aux suintements de latex issus des trous de ponte.
 

Cératite avec ovipositeur sorti circulant sur le sachet protecteur d'une figue mûre (variété Col de Dame Noire)

Cératite avec ovipositeur sorti circulant sur le sachet protecteur d'une figue mûre (variété Col de Dame Noire)
 

Sur l'agrandissement photographique ci-après, on note que le diamètre de l'ovipositeur permet à la femelle d'insérer celui-ci au travers d'une maille du sachet en organza.
 

Cératite avec ovipositeur sorti circulant sur le sachet protecteur d'une figue mûre (variété Col de Dame Noire)

Cératite avec ovipositeur sorti circulant sur le sachet protecteur d'une figue mûre (variété Col de Dame Noire)
 

Ci-dessous, exemple de ponte d'une cératite à travers une maille du sachet en organza (dans une figue tout juste amollie, encore presque totalement verte).
 

Ponte de cératite dans figue tout juste amollie, à travers une maille d'un sachet protecteur en organza

Ponte de cératite dans figue tout juste amollie, à travers une maille d'un sachet protecteur en organza
(variété Grise de la Saint-Jean, deuxième récolte)
 

Les pontes de cératite ne peuvent avoir lieu que dans la zone de contact du sachet en organza avec le flanc de la figue (photographies ci-après).
 

Ponte de cératite dans figue tout juste amollie, à travers le sachet protecteur en organza.

Ponte de cératite à travers le sachet protecteur en organza, dans la zone de contact de celui-ci avec la figue tout juste amollie
(variété Grise de la Saint-Jean, deuxième récolte)

 

Ponte de cératite dans figue tout juste amollie, à travers le sachet protecteur en organza.

Ponte de cératite à travers le sachet protecteur en organza, dans la zone de contact de celui-ci avec la figue tout juste amollie
(variété Grise de la Saint-Jean, deuxième récolte)
 

Ainsi, même si la rigidité de l'organza conserve l'ostiole et une grande partie de l'épiderme de la figue hors de portée de la cératite, l'ensachage individuel des figues ne permet pas de protéger la récolte de figues des attaques de la cératite.

Dans le cas d'attaques intenses de la cératite, les pertes de récolte peuvent être considérables. Ainsi, en 2022, 100 % des figues immatures de mon figuier unifère de la variété Bellone sont parvenues à maturité grâce aux sachets protecteurs en organza, mais elles ont été ensuite infestées à 98 % par les attaques de la cératite.

 

TRACES DES PONTES SUR LES SACHETS

 

Le plus souvent, l'attaque de la cératite est décelable par une trace de latex sur le sachet protecteur, à l'endroit exact de la piqûre de ponte qui a provoqué un suintement de latex sur l'épiderme de la figue.
 

Trace de latex sur un sachet protecteur en organza, consécutive à la ponte de la cératite dans une figue mûre

Trace de latex sur un sachet protecteur en organza, consécutive à la ponte de la cératite dans une figue mûre

 

Trace de latex sur un sachet protecteur en organza, consécutive à la ponte de la cératite dans une figue mûre

Trace de latex sur un sachet protecteur en organza, consécutive à la ponte de la cératite dans une figue mûre
 

J'ai même pu déceler à l'aide d'une loupe une trace de latex circulaire assez épaisse présentant un trou central laissé par l'ovipositeur, au cours de l'examen attentif des sachets protecteurs pour évaluer l'intensité des attaques de la cératite sur une de mes récoltes de figues. Voir photographie ci-après.
 

Cératite : trace de latex circulaire sur un sachet protecteur en organza, avec trou central laissé par l'ovipositeur

Cératite : trace de latex circulaire sur un sachet protecteur en organza, avec trou central laissé par l'ovipositeur

 

CONCENTRATION DES PONTES

 

Compte-tenu de la rigidité relative de l'organza, de la taille du sachet, de la forme et de la position de la figue à maturité, il appert que la zone de contact du sachet avec la figue est le plus souvent assez limitée, et se situe presque toujours sur un seul des deux flancs de la figue. 
 

Attaques de cératites (pontes) sur le flanc d'une figue parvenue à maturité (variété Col de Dame Noire).

Attaques de cératites (pontes) sur le flanc d'une figue parvenue à maturité (variété Col de Dame Noire)
(noter que la zone de frottement du sachet avec la figue est limitée)
 

Il s'ensuit une concentration des pontes des cératites dans cette zone restreinte de l'épiderme, visible d'assez loin par le groupement des remontées de latex via les trous de ponte (celles-ci repoussant quelquefois des œufs en surface), et parfois la présence d'irrégularités dans le maillage du sachet protecteur dues à de fines déchirures.
 

Zone de frottement du sachet sur le flanc d'une figue mure, où se concentrent les attaques des cératites.

Zone de frottement du sachet sur le flanc d'une figue mure, où se concentrent les attaques des cératites
(variété Col de Dame Noire)

 

Zone de frottement du sachet sur le flanc d'une figue mure, où se concentrent les attaques des cératites.

Zone de frottement du sachet sur le flanc d'une figue mure, où se concentrent les attaques des cératites
(remontées de latex via les trous de ponte, œufs en surface, déchirures dans le maillage du sachet)
 

La présence de déchirures dans le maillage du sachet en organza à l'endroit de concentration des pontes intrigue de prime abord. La première hypothèse est qu'il s'agit de coups de becs d'oiseaux. Mais l'observation des photographies à l'agrandissement maximal ne permet pas de constater que l'épiderme au-dessous des déchirures est entamé. Elles donnent même l'impression que ce n'est pas le cas. Une seconde hypothèse est que ces déchirures pourraient émaner de la rupture du maillage par la tarière fixe située en fin de l'abdomen des femelles, de diamètre beaucoup plus important que les deux segments rétractiles de l'ovipositeur, et qui, dans certaines des pontes, est plus ou moins enfoncée dans l'épiderme. Un examen visuel de la figue dépourvue de son sachet protecteur, lors du prochain cas rencontré, permettra de se prononcer au moins sur la première hypothèse.
 

Détail de la zone de frottement du sachet sur le flanc d'une figue mure, où se concentrent les attaques des cératites.

Détail de la zone de frottement du sachet sur le flanc d'une figue mure, où se concentrent les attaques des cératites
 

L'observation de la concentration des pontes dans une zone restreinte, située presque toujours sur un seul flanc de la figue, est importante pour la conception d'une parade pour les attaques de cératites sur les figues mures protégées par un sachet en organza posé au stade immature contre Silba adipata McAlpine. Elle suscite l'idée que la parade pourrait être physique, car assez localisée. Après approfondissement de cette piste, je propose de tester des éléments de surélévation du maillage du sachet au-dessus de l'épiderme de la figue, jouant sur les flancs de celle-ci (voir sous-chapitre suivant).

 

AMÉLIORATIONS ENVISAGEABLES POUR LES SACHETS

 

Une amélioration des sachets contre les attaques des cératites serait à tester : ajout d'éléments de surélévation fins et légers sur les deux côtés. Cette amélioration venant s'ajouter à deux autres, qui découlent d'observations non relatives à la cératite : suppression de la collerette (voir chapitre), couleur verte (voir chapitre).

L'ajout d'éléments de surélévation sur les deux côtés du sachet (collés sur la face intérieure) permettrait d'interdire à la cératite de pondre dans l'épiderme de la figue amollie (dès la véraison, puis à maturité), aux endroits où le sachet frotte sur la figue lorsque celle-ci a atteint un certain volume. Ces éléments de surélévation venant buter sur la surface de la figue, laissant le maillage du sachet à une hauteur suffisante pour que l'ovipositeur de la cératite inséré à travers une maille ne puisse pas toucher l'épiderme.

Cette solution a l'avantage de conserver en quasi-totalité les conditions d'aération et de luminosité offertes par les sachets en organza.

L'ovipositeur de la cératite ayant une longueur légèrement variable selon la taille des femelles, mais d'un maximum de 1,3 mm, je retiens la hauteur de 2 mm pour la surélévation afin de tenir compte de la longueur de la tarière non rétractile située en fin d'abdomen de la femelle.

Concernant la nature des éléments de surélévation du maillage du sachet lors du contact de celui-ci avec le flanc de la figue, mon choix s'est porté sur des capillaires très fins et souples, en plastique transparent de qualité alimentaire. Il en existe en diamètre extérieur de 2 mm et 3 mm, d’épaisseur 1 mm. Ce sont les deux modèles que j'ai retenus pour l'expérimentation que j'ai l'intention de mener au cours de la saison 2023.

Je ne veux pas compliquer cette expérimentation en testant en même temps plusieurs composants pour les éléments de surélévation du maillage, ni plusieurs formes pour les éléments confectionnés avec les deux types de capillaires précités.

Selon mes observations des figues parvenues à maturité avec un sachet de protection, la solution la plus simple serait de coller deux tubes droits longs de 6 cm, disposés en parallèle dans le sens de la longueur du sachet (pour alléger encore plus le dispositif, possibilité de tronçonner les tubes, à étudier). Voir ce chapitre pour les dimensions des sachets en organza utilisés. En ce qui concerne la position verticale des tubes, leur base se situerait à 0,5 cm de la couture inférieure du lien, pour ne pas gêner le serrage. L'écartement entre eux (donc la distance par rapport aux coutures latérales du sachet) est à évaluer. En conséquence, plusieurs variantes de positionnement des tubes dans la largeur du sachet seront testées.

Dans le cas où l'expérimentation conduirait à l'abandon du procédé envisagé, une solution de remplacement pourrait être l'ajout sur la face interne des deux côtés du sachet d'un placage fin, souple, transparent (plastique) ou non (balsa). Ce placage ne serait vraisemblablement pas nécessaire sur la totalité du côté, mais seulement sur une portion restreinte, à évaluer (surface, position) par des observations complémentaires. L'incidence du placage latéral partiel sur le développement de la figue (aération, luminosité) serait également à évaluer.

 

 

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